C'est désormais officiel. Après de multiples rumeurs de départs, le préfet du Rhône et de Rhône-Alpes Jean-François Carenco quittera la capitale des Gaules d'ici une quinzaine de jours. Il a en effet été nommé préfet d'Ile de France et de Paris ce mercredi matin, lors du Conseil des ministres, a confirmé la préfecture du Rhône.

Jean-François Carenco, 62 ans, arrivé entre Rhône et Saône en novembre 2010 après avoir travaillé aux côtés du ministre Jean-Louis Borloo en tant que directeur de cabinet, sera remplacé par l'actuel préfet de Gironde et d'Aquitaine Michel Delpuech.

«Le préfet Jean-François Carenco incarne les valeurs républicaines de l’Etat en Région. Il a contribué à maintenir la cohésion nationale, et ce, particulièrement dans les périodes de crise que notre région a connues. Ses convictions l’ont mené à combattre tous les
extrémismes qui menacent l’intégrité de notre pays» , a souligné ce mercredi le président PS du Conseil régional Rhône-Alpes Jean-Jack Queyranne.

«Nous sommes heureux pour lui mais un peu tristes. Les agents l'apprécient beaucoup», a également réagi l'une des collaboratrices du préfet Carenco, connu pour son franc-parler et son caractère bien trempé.

De Rataxès à Cornelius

Ce natif de Gironde avait fait parler de lui dans la France entière fin 2012, en prenant un arrêté d'abattage des éléphantes de la Tête d'or, soupçonnées d'être atteintes de tuberculose. Attaqué par les associations de défense de la cause animale et le cirque Pinder, propriétaire des pachydermes, Jean-François Carenco, contacté par Stéphanie de Monaco, avait finalement laissé les éléphantes rejoindre une propriété de la famille Grimaldi à Roc Agel, dans les Alpes-Maritimes. «Après Rataxès, je suis devenu Cornélius, celui qui vient en aide aux éléphants», avait alors ironisé le préfet, connu aussi pour sa forte implication dans les dossiers économiques de la région.

En 2012 et 2013, il s'était notamment activé pour aider les Véninov, dont l'usine de fabrication de toiles cirées de Vénissieux était menacée de fermeture. En 2013, il était allé jusqu'à menacer l'ancien propriétaire du groupe chimique Kem One, le financier américain Gary Klesch, promettant de le poursuivre «jusqu’à la fin de ses jours» s'il empêchait le sauvetage de la société.

Poursuivi par les nationalistes

Connu pour ses coups de gueule, le préfet Carenco s'est également retrouvé devant un juge pour «injure publique», en 2013, après avoir traité d'imbéciles des militants nationalistes lyonnais. L'affaire n'était pas allée plus loin.

Le haut fonctionnaire à moustache, décrit comme un homme «très humain» par ses collaborateurs s'est également illustré sur la question des Roms. Régulièrement critiqué par les associations sur les évacuations répétées de squats et bidonvilles et le manque de places dans des structures adaptées, il n'avait pas hésité à déclarer «On ne peut pas loger toute la misère du monde», tout en augmentant chaque hiver le nombre de lits prévus dans le cadre du plan froid dans les centres d'hébergement. Et en lançant, dès 2012, pour la première fois en France, un programme expérimental d'intégration des Roms baptisé Andatu.

Un préfet bien atypique en somme.