GRANDS PROJETSRhône-Alpes : Tout savoir sur la liaison de train à grande vitesse Lyon-Turin

Rhône-Alpes : Tout savoir sur la liaison de train à grande vitesse Lyon-Turin

GRANDS PROJETSAu lendemain du sommet franco-italien, consacré en partie à cette future autoroute ferroviaire, 20 minutes fait le point sur ce projet vieux de trente ans...
Le chantier de creusement d'une descenderie en Savoie, en novembre 2007.
Le chantier de creusement d'une descenderie en Savoie, en novembre 2007. - P. Fayolle / Sipa
Elisa Frisullo

Elisa Frisullo

On en parle depuis trente ans, mais le titanesque chantier n'a pas réellement commencé... Au lendemain du sommet franco-italien, au cours duquel mardi les discussions entre le président du conseil italien Matteo Renzi et François Hollande ont annoncé le lancement des travaux de la LGV Lyon-Turin en 2016, 20 minutes fait le point sur ce serpent de mer qui devrait être en partie financé par l'Europe...

Qu’est ce que le projet Lyon-Turin ?

La liaison à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin se divise en trois sections. Une partie française, dédiée au transport de voyageurs et de fret de 140 km entre Lyon et Saint-Jean-de-Maurienne, dont la réalisation a été confiée a Réseau Ferrée de France (RFF). Une section transfrontalière de Saint-Jean-de-Maurienne à Bussoleno en Italie qui comporte notamment un tunnel de 57 km, ouvrage majeur du projet. Les études et travaux préparatoires au creusement du tunnel à travers les Alpes étaient jusqu'à présent gérés par LTF, filiale de Réseau Ferré de France et de Rete Ferroviaria Italiana (RFI). Mardi, la société Telt (Tunnel Euralpin Lyon Turin) a été désignée pour construire et gérer la section transfrontalière.

Côté italien, deux sections de ligne fret et voyageurs sont prévues entre Obassano et la nouvelle gare de Turin Porta Susa (d'ici à 2023) et Chiusa San Michele et la future gare intrenationale de Suse (au-delà de 2025).

Pourquoi un tel projet ?

L’objectif premier du Lyon-Turin est de désengorger les vallées alpines du trafic des poids lourds et de favoriser ainsi le report modal de la route vers le rail. La ligne TGV a également pour but d’améliorer les connexions entre la Vallée du Rhône et la plaine du Pô, en Italie, et plus globalement entre l’est et l’ouest de l’Europe pour les échanges commerciaux. A terme, 40 millions de tonnes de marchandises devraient être transportées sur la ligne selon les partisans du projet. Cela devrait permettre de transférer l'équivalent d'un million de poids lourds de la route vers le rail.

Cinq millions de voyageurs par an sont attendus sur la ligne TGV. Une fois en service, elle doit permettre de relier Lyon à Turin en moins de 2h (4h aujourd’hui) et mettra Paris à 4 h de Milan ( 7h aujourd’hui).

Les travaux ont-ils avancé ?

Depuis 2003, trois descenderies, des galeries souterraines de reconnaissance du futur tunnel de base, ont été percées à Modane, la Praz et Saint-Martin-La porte en Savoie. Et les travaux d’une nouvelle descenderie complétant celle de Saint Martin viennent de débuter.

Côté italien, les travaux de la galerie de reconnaissance de la Maddalena sont en cours depuis 2011. Ces études et travaux préparatoires ont déjà coûté 824 millions d’euros (fin 2010). Ils sont financés à 50% par l’Union européenne, 25% par la France et 25% par l’Italie.

Le gros du chantier devrait débuter en 2016, selon les annonces faites mardi par le président de la République, François Hollande, pour une mise en service de l'autoroute ferroviaire prévue à l'horizon 2028-2029.

Quel est le coût prévisionnel de ce chantier et qui va le financer ?

La Cour des comptes a évalué à 26 milliards d’euros le coût total du percement du tunnel ferroviaire sous les Alpes et la construction de ses accès français et italiens. Ce jeudi, les gouvernements français et italiens doivent déposer conjointement un dossier auprès de la Commission européenne pour que le Lyon-Turin soit reconnu comme «grand projet européen» dans le cadre d’un appel à projet lancé en septembre 2014. Cette étape conditionne le financement du tunnel international de base, dont la construction est évaluée à 8,5 milliards d’euros (valeur 2010). La commission européenne a indiqué que ces travaux étaient éligibles à un cofinancement européen à hauteur de 40%. L’Italie devrait financer 35% de la somme (2,9 milliards d’euros) et la France 25%, soit 2,1 milliards d’euros.

Restera ensuite à financer les accès français et italiens, dont le coût a été évalué à 7,7 milliards d’euros pour la France. Le financement est loin d'être bouclé.

Pourquoi une telle opposition au projet ?

Un temps favorable au projet de LGV, Europe Ecologie-Les Verts s'y oppose fermement. «Ce projet est une aberration alors que la capacité du tunnel du Mont Cenis (actuellement en service dans les Alpes, NDLR) est largement suffisante pour absorber une croissance de fret ferroviaire pendant de longues années», ont réagi les écologistes mardi après l'annonce faite par François Hollande. La Coordination des opposants au Lyon-Turin a, elle, appelé «à revenir au bon sens en lançant l'utilisation de la ligne ferroviaire existante rénovée depuis 4 ans et en arrêtant l'hémorragie financière d'un projet pharaonique».

En février 2015 lors d'une manifestation contre le Lyon-Turin organisée en Italie. - Elena Aquila/SIPA

Côté italien, la contestation est très forte depuis plusieurs années. L'Italie a même été contrainte de modifier le tracé, ce qui a entraîné un surcoût de 2 milliards d'euros. En janvier, des contestataires qui avaient fait irruption sur le chantier et s'étaient battus avec des forces de l'ordre ont écopé de peines de prison.