Dimanche matin, une retraitée habitant près de l’école Victor-Hugo (1er arrondissement), s’est rendue au gymnase pour déposer un peu de lait et du papier toilettes. « C’est pour demain matin », explique-t-elle avant de rentrer chez elle. Depuis jeudi dernier, les lieux sont en effet occupés par des membres du collectif « Jamais sans toit » et des citoyens afin d’attirer l’attention sur la situation d’enfants sans-abri. Huit autres établissements étaient également concernés dans le Grand Lyon. Dimanche, Pierre et Nicolas, deux papas dont les enfants fréquentent l’école Victor-Hugo, sont venus assurer un tour de garde. « On se relaie, il y a toujours trois ou quatre personnes en permanence, expliquent-ils. On ne fait qu’occuper les lieux pour permettre à ces familles et enfants d’avoir un toit en attendant une solution durable. »

Selon le collectif «Jamais sans toit », 194 élèves scolarisés seraient actuellement sans abri dans l’agglomération lyonnaise. A Victor-Hugo, cela concerne cinq familles d’origines et de situations très diverses. Des enfants âgés de 2 à 11 ans dorment actuellement sur des matelas en mousse habituellement dédiés à la pratique du sport. « Certaines familles sont en attente de logement, d’autres refusent d’aller dans des squats, précisent Pierre et Nicolas. Mais toutes sont inscrites au 115.»

«On refuse de voir des enfants dormir dehors»

Depuis jeudi, riverains et parents d’élèves sont donc mobilisés. «On refuse de voir des enfants dormir dehors», ajoute Pierre. Ce mouvement permet ainsi des familles de dormir en toute sécurité. Loin des squats ou d’abris précaires et, parfois, de la violence de la rue. Dans la nuit de samedi à dimanche, un des enfants de Victor-Hugo s’est relevé en pleine nuit pour s’assurer que la porte du gymnase était bien fermée à clé…

Après avoir attiré l’attention des pouvoirs publics, le mouvement se poursuit cette semaine. Six établissements seront ainsi concernés, dont Victor-Hugo et Michel-Servé dans le 1er arrondissement, ainsi que Jean-Vilar à Vaux-en-Velin et Jean-Giono (Lyon 8e). Les responsables du collectif veulent poursuivre les occupations des lieux, «au moins jusque jeudi», date d’une rencontre avec le directeur départemental de la cohésion sociale. Dans un courrier de quatre pages, le préfet du Rhône Jean-François Carenco a en effet réagi, indiquant ce qu’il comptait faire. «Je vous confirme que toute personne accueillie pour l’hiver se verra offrir une solution pérenne si elle possède des droits complets ou soumise à un réexamen de sa situation si elle est en situation irrégulière», peut-on lire ainsi. Il indique aussi qu'il n'enverra pas la force publique pour dégager les lieux.