DISPARITIONLucie Aubrac, capitale Lyonnaise

Lucie Aubrac, capitale Lyonnaise

DISPARITIONDebout contre une rembarde, elle sourit. Cette photo prise pendant la guerre est la seule image d'époque de Lucie Aubrac archivée au Centre d'histoire de la Résistance et de la déportation de Lyon (CHRD). Un portrait récent de la résistante trône dan...
Frédéric Crouzet

Frédéric Crouzet

Debout contre une rembarde, elle sourit. Cette photo prise pendant la guerre est la seule image d'époque de Lucie Aubrac archivée au Centre d'histoire de la Résistance et de la déportation de Lyon (CHRD). Un portrait récent de la résistante trône dans les escaliers du centre, dans le cadre d'une exposition temporaire sur les femmes en résistance. Décédée mercredi soir à Paris, à 94 ans, Lucie Aubrac a laissé peu d'images à Lyon, mais beaucoup de souvenirs. « Elle avait gardé une tendresse pour la ville», explique Chantal Jorro, responsable du centre de documentation du CHRD, installé avenue Berthelot dans ce que furent les locaux de la Gestapo. C'est ici que son mari Raymond devait être transféré pour être interrogé par Klaus Barbie le 21 octobre 1943. A la tête d'un commando, Lucie Aubrac l'avait fait libérer lors de son transfert depuis la prison Montluc. Cet épisode, l'ancienne enseignante l'a raconté à maintes reprises à Lyon, quand elle venait témoigner dans les écoles ou mener d'autres combats. « Elle avait fasciné nos élèves en 2005 quand elle était venue dévoiler une plaque commémorative pour les enfants juifs déportés », se souvient Bernadette Oudiné, proviseur du lycée Edouard-Herriot, où Lucie Aubrac avait enseigné pendant la guerre. Un an plus tard, elle y était revenue pour défendre Edna Alla, une élève sans papiers menacée d'expulsion. « Malgré les difficultés de l'âge et de la maladie, elle avait accepté la présidence de son comité de soutien », raconte Catherine Tourrier, du Réseau éducation sans frontières. Lucie et Raymond Aubrac avaient aussi apporté un soutien actif aux étudiants d'Hippocampe luttant contre le négationnisme à Lyon-III. « La nation perd l'une de ses plus hautes consciences morales. Notre cité, capitale française de la Résistance, perd l'une de ses figures le plus marquantes », a déclaré hier Gérard Collomb, maire PS de Lyon. La ville, comme la commune de Vénissieux, devrait prochainement baptiser une rue à son nom. Aujourd'hui, le lycée Lucie-Aubrac de Givors lui rendra hommage.