INTERVIEW«Julie Gayet est l'émissaire officieux de François Hollande»

«Une intermittente à l’Elysée»: «Julie Gayet est l'émissaire officieux de François Hollande»

INTERVIEWLe journaliste François Aubel est le coauteur avec Soazig Quéméner de «Julie Gayet, une intermittente à l’Elysée», une enquête sur les dessous du «couple» présidentiel, qui paraît ce jeudi...
Clio Weickert

Propos recueillis par Clio Weickert

«La présidence « normale » de François Hollande a accouché d’un mystère ». Par ces mots, Soazig Quéméner, rédactrice en chef du service politique de Marianne, et François Aubel, rédacteur en chef du service culture du Figaro, introduisent l’objet de leur enquête : la discrète Julie Gayet. Depuis « l’affaire de la rue du Cirque » en janvier 2014, le jour où Closer dévoila les célèbres clichés du président casqué sortant de chez sa belle, la compagne de François Hollande partage l’opinion et intrigue. Tantôt réservée, tantôt engagée, actrice ou intrigante, la femme de l’ombre fascine.

>> A lire aussi : Cinq choses à savoir sur Julie Gayet

A l’occasion de la sortie ce jeudi de Julie Gayet, une intermittente à l’Elysée (aux éditions du Moment), le premier livre sur la « fiancée » du président, 20 Minutes a contacté François Aubel, l’un de ses coauteurs, pour tenter de lever le voile sur cette « first lady clandestine ».

Pourquoi s’intéresser de si près à Julie Gayet ?

Beaucoup de fantasmes entourent sa réelle ou supposée influence auprès du président. Ce qui nous intéresse, ce n’est pas ce qui se passe sous leurs draps, mais plutôt cette situation inédite sous la Ve République. Comment, en 2016, le palais présidentiel abrite-t-il une fausse première dame, que l’on appelle parfois même le « fantôme de l’Élysée » ? Quel rôle joue-t-elle ? C’est parce que les gens la connaissent mal que nous avons voulu mettre la lumière sur Julie Gayet et savoir qui elle était vraiment.

Quelle influence a-t-elle auprès du Président ?

Son influence est réelle et fantasmée. Sur les questions du cinéma français, elle a une action forte. Elle est également consultée sur des affaires importantes et apparaît parfois sur des dossiers traités par François Hollande. Ce qui est intéressant, c’est que le Président est très déçu par la ministre de la Culture Fleur Pellerin. Ses sorties sur Modiano par exemple, prix Nobel de littérature, il ne les a pas encaissés. Or, on appelle parfois Julie Gayet, « l’autre femme de Valois » (l'adresse du ministère de la Culture à Paris). Elle est l’émissaire officieux du président, tout en s’efforçant de se garder des conflits d’intérêts.

Pourquoi dites-vous dans ce livre, que l’actrice joue « le rôle de sa vie » aux côtés de François Hollande ?

Sans vouloir lui faire offense, elle a une longue carrière et des beaux rôles à son actif, mais elle n’a pas éclaté. Ce n’est pas Marion Cotillard. Mais en 2014, après « l’affaire de la rue du Cirque », elle devient la femme la plus recherchée de France. Elle doit faire face à une surexposition médiatique et des menaces, mais elle accède aussi à une notoriété qu’elle n’a jamais pu avoir. Elle est sous le feu des projecteurs. Quand on est la fiancée du Président, on joue le premier rôle. Et si c’est une bonne actrice, c’est aussi parce qu’elle a un très bon metteur en scène.

Justement, pourquoi selon vous, François Hollande cultive-t-il tant le mystère sur cette compagne ?

Entre autres à cause de la déflagration à la suite de « l’affaire de la rue du Cirque ». Un véritable traumatisme pour François Hollande, qui a dû s’expliquer devant la presse et les Français. Mais il est aussi un maître du chaos. Il installe une situation inextricable qu’il laisse pourrir, et voit ce qu’il peut faire de ce qui en sort. C’est compliqué mais il maîtrise cette situation comme il peut. Il l’utilise quand il en a besoin, et ils en jouent tous les deux. Même si c’est un jeu dangereux.