De véritables abysses financiers
Société Les établissements nautiques sont en déficits chroniques dans de nombreuses villesNicolas Montard
Les budgets piscine font des vagues dans le Nord. Tourcoing-les-Bains vient d'annoncer un nouveau budget déficitaire cette année (1,4 million d'euros en cumulé depuis l'ouverture), mais espère sortir du rouge dès 2013. « Et les bénéfices pourraient même intervenir d'ici trois à quatre ans », détaille Jean-François Druon, directeur d'Aquaval, qui exploite l'équipement en délégation de service public. Grâce aux activités annexes, comme le fitness ou le sauna, un bassin seul ne peut être rentable. » Ailleurs dans la région, c'est parfois plus compliqué, les tarifs d'entrées ne couvrant jamais le coût réel d'une piscine classique. A Bailleul, le maire, Michel Gilloen, annonce la couleur : « Nous avons déposé un dossier d'emprunt pour couvrir les 600 000 € de rénovation de notre bassin. Si celui-ci n'est pas accepté, on ferme ».
Fermetures en vue
« Ce ne sera pas une première, note son homologue Michel Dagbert, à Barlin. La piscine de Beuvry a fermé l'an dernier. On risque un appauvrissement de ce type d'équipement sur le territoire. » Parce qu'il coûte cher : rien qu'à Barlin, c'est 400 000 € de perte chaque année, à la charge de la municipalité. « Je voudrais que l'intercommunalité prenne cette compétence pour mutualiser les appels d'offres ou les charges de personnel », souligne le maire.
Cette volonté de rationalisation touche aussi Dunkerque, qui va démarrer la construction d'une nouvelle piscine... qui en remplacera deux. « Il y a, bien entendu, une mesure d'économie dans ce choix », reconnaît Raynaldo Fortun, directeur général adjoint à la ville. De son côté, Lille Métropole (LMCU) avait nagé dans le bon couloir il y a quelques années. « Nous avons lancé un plan piscines en 2003. Aujourd'hui, nous payons la moitié de la rénovation des bassins de la métropole et du tarif scolaire », rappelle Michelle Demessine, vice-présidente chargée des sports à LMCU. Ce qui allège les finances des villes même si le déficit devient alors... communautaire. « Mais une piscine, c'est avant tout un coût social, un service rendu », insiste Michelle Demessine. Au même titre qu'une bibliothèque ou qu'un gymnase. Alors, tant que la collectivité peut payer, les financiers laissent couler.