Une femme jugée pour avoir tué son mari violent

Une femme jugée pour avoir tué son mari violent

Justice Selon les témoignages, elle a supporté onze ans de terreur
Olivier Aballain

Olivier Aballain

Un procès d'assises avec uniquement des témoignages favorables à l'accusée. Aujourd'hui s'ouvre à Douai le procès d'Alexandra Guillemin, jugée pour avoir tué en juin 2009 son mari qui la battait. L'accusée venait ce soir là d'annoncer à son mari son intention de le quitter. Menacée de mort, elle a fini par se défendre d'un coup de couteau à la gorge. Logiquement, son avocate Me Janine Bonaggiunta compte plaider la légitime défense. Une ligne confortée par les témoignages des enfants du couple, aujourd'hui âgés de 5 à 13 ans. « Ceux qui étaient en âge de parler au moment des faits ont confirmé les déclarations de leur maman », rapporte Me Alain Reisenthel, leur représentant.

Circonstances du coup fatal
Ces déclarations portent sur onze ans de galère ponctués de plusieurs dépôts de plainte et d'une douzaine d'internements en psychiatrie pour le mari violent. Dont quatre fois à la demande de son épouse. Celui qui refusait de se faire appeler « Papa » par ses enfants est d'ailleurs également mis en cause par les enfants d'une précédente union, qui se plaignent d'abus sexuels. « Beaucoup d'avertissements ont été lancés, il est regrettable que rien n'ait pu être fait avant le drame », résume Me Bonaggiunta. L'enjeu des trois jours de procès porte sur l'acte de l'accusée. Pour les juges, ils s'agit de savoir si Alexandra Guillemin a porté le coup fatal après avoir été acculée et menacée d'étranglement, auquel cas il peut s'agir de légitime défense. Ou si, terrorisée, elle a pris les devants en frappant volontairement son mari sans forcément avoir l'intention de le tuer. « Tout ce que demandent les enfants du couple, aujourd'hui, c'est de retrouver leur maman libre », explique Me Alain Reisenthel. Alexandra Guillemin, qui comparaît libre mais n'a pas la garde de ses enfants, a passé dix-sept mois en détention provisoire. Elle risque, théoriquement, la prison à perpétuité, si la qualification de meurtre est retenue.

Avocat général

Luc Frémiot, l'avocat général qui représente l'accusation au procès d'Alexandra Guillemin, a lancé à Douai dès 2004 une expérience pilote d'éloignement des maris violents. Concluante, l'expérimentation qui consistait à évincer le mari du domicile conjugal plutôt que la femme victime de violences, est dorénavant devenue la règle dans la France entière.