Grossesses précoces en vogue

Grossesses précoces en vogue

Social Environ 600 jeunes femmes accouchent chaque année avant leur majorité dans le Nord
Gilles Durand

Gilles Durand

Le département du Nord est l'un des plus touchés par les grossesses précoces. La secrétaire d'Etat à la Jeunesse, Jeannette Bougrab, visitait hier le foyer pour mère de famille mineure, La Clairière, à Marquette-lez-Lille, pour se familiariser avec le phénomène. « Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce ne sont majoritairement pas des accidents, mais des projets de vie, explique Stéphanie Leroy, psychologue à La Clairière. Avoir un enfant, ça les motive et ça peut améliorer l'image dégradée qu'elles ont d'elles-mêmes. D'un seul coup, la société s'intéresse à elles. »

Elément culturel important
A la Clairière, on accueille ces jeunes filles mères depuis près de soixante ans. « Souvent, elles ont moins de 16 ans et vivent déjà dans l'exclusion », témoigne Christine Vandaele, responsable de La Clairière. C'est le cas de Sonia*, qui a fait un déni de grossesse : impossible de retourner chez elle où vivent déjà quatre enfants et les cousins. « J'espère être accueillie avec mon fils de 10 mois dans une famille d'accueil », souffle-t-elle.
Elles sont environ 600 chaque année à accoucher avant leur majorité dans le Nord (4 500 en France). Avec un taux de fécondité en augmentation (lire l'encadré). « Il existe une grosse disparité sur le département. La zone la plus préoccupante est l'Avesnois où la prévention est difficile d'accès, souligne Véronique Leroy, directrice de la protection maternelle et infantile au conseil général du Nord. Mais ce n'est pas uniquement une problématique d'accès aux moyens de contraception. De jeunes Roubaisiennes n'hésitent pas, par exemple, à se déplacer à Lille pour conserver l'anonymat. » D'autres raisons expliquent ce phénomène. « L'élément culturel est très important, rappelle Véronique Leroy. On constate une grande proportion de filles originaires du Maghreb et d'Afrique noire ».
Un rapport national sur le sujet vient d'être rendu le mois dernier. Où il ressort que la sexualité reste un tabou dans certaines familles et que le fait d'être mère à 15 ans est idéalisé. « Elles tombent enceintes et ne peuvent en parler à personne », regrette la directrice de la Clairière.