Audrey Linkenheld, de l'ombre d'Aubry à la lumière
POLITIQUE•Faux semblants. Difficile de détacher Audrey Linkenheld de Martine Aubry.Olivier Aballain
L'ancienne directrice de cabinet de la maire de Lille a pris, vendredi, la tête du PS lillois. «Pour lui être utile. Et aussi parce que ça m'intéresse.» L'air de rien, ça fait maintenant neuf ans que cette jeune femme est «utile» à Martine Aubry. Et que ça l'intéresse.
A 35 ans, Audrey Linkenheld se défend d'être une apparatchik. Mais les faits sont têtus: adjointe au Logement à Lille, conseillère du président de région sur l'action économique, présidente du comité de ville, membre du bureau national du PS... «J'ai toujours pensé que quitte à s'engager, autant que ce soit pour faire quelque chose.»
C'est pour ça qu'elle prend sa carte au PS dès 22 ans, via le Mouvement des jeunes socialistes à Paris. C'est aussi pour ça qu'elle n'en est jamais partie, malgré des avis tranchés en faveur de la légalisation des drogues douces, l'homoparentalité... «Je n'ai pas besoin d'être d'accord à 100 % avec mon parti.»
Comme Pierre de Saintignon, autre membre de la garde rapprochée de la maire de Lille, elle assure «ne pas vouloir faire carrière dans la politique». A l'entendre, ce serait une tare. Comme lui, «partir dans le privé» avec son diplôme de l'Essec Paris, ne lui ferait pas peur. Même si elle n'y a jamais travaillé. Et comme lui, elle n'a plus quitté l'orbite de Martine Aubry après y avoir été attirée en 2000, au siège du PS national.
Devenue chef de cabinet à Lille, elle a fait front dans les premières années «pas toujours faciles» du premier mandat (2001-2008). «Je savais que Martine Aubry avait la bonne méthode.» D'après un adjoint de la majorité, la jeune femme était «la seule à dire ses quatre vérités au maire». «C'est vrai qu'on n'était pas assez nombreux à oser lui parler directement. Et pourtant c'est ce qu'elle demande.» Adjointe au Logement depuis 2008, elle existe maintenant sans être dans l'ombre de Martine Aubry.
Evidemment, ça devient de plus en plus dur de faire comprendre aux journalistes qu'elle n'a «pas de plan de carrière». Tout juste quelques centaines de contacts hérités de son passage au siège du PS. Michel Sapin, Benoît Hamon, ses anciens camarades du MJS... «Je ne suis pas du genre à les appeler régulièrement pour leur rappeler que j'existe.» Clair? Avec son regard direct, Audrey Linkenheld fait plus que son 1,60 m. Mais elle a aussi ses moments de doute. «Parfois, je me demande si je tiens suffisamment la maire au courant de ce que je fais.» Un réflexe.