TRANSPORTSSous pression, les livreurs à vélo lillois roulent-ils vraiment mal?

Lille: Sous pression, les livreurs à vélo roulent-ils vraiment mal?

TRANSPORTSPour livrer leurs commandes de nourriture, les coursiers à vélo prennent parfois tous les risques…
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Un coursier a vélo a percuté un piéton dimanche.
  • Les livreurs d’Uber ou Deliveroo sont rémunérés à la course.
  • Le Code de la route n’est pas pas la priorité de certains.

On les voit sillonner les rues du centre-ville le midi et le soir, sur des vélos neufs ou vétustes, avec leur gros sac sur le dos. Auto entrepreneurs, ils travaillent pour Uber Eats ou Deliveroo, les deux boîtes qui trustent le marché de la livraison de repas à vélo. Mais dimanche, un accident a braqué les projecteurs sur ces livreurs qui prennent parfois de gros risques pour simplement gagner leur croûte.

« Plus on roule vite, plus on gagne d’argent »

Dimanche, un livreur à vélo a percuté une personne âgée qui traversait la route sur un passage protégé. Il roulait vite. Trop vite. « Ça ne m’étonne pas, il y a eu la même chose à Bordeaux la semaine dernière », affirme Arthur Hay, délégué syndical CGT des coursiers à vélo de Gironde. « Quelle que soit la société pour laquelle on travaille, plus on roule vite, plus on gagne d’argent », déplore-t-il.

« Nous sommes payés à la course et non à l’heure », explique Nicolas, un coursier lillois de 27 ans qui a déjà percuté un piéton lui aussi. « La seule chose que j’évite c’est de prendre les sens interdits. Mais clairement, les premiers mois, je ne mesurais pas le danger pour moi et pour les autres », avoue-t-il.

Martin, 33 ans, n’exerce que pour arrondir ses fins de mois. « Moi, je tiens à la vie, je respecte le Code de la route. Mais je comprends le comportement des coursiers qui n’ont que ça pour vivre ». « A la fin, on perd conscience du danger, les piétons et les feux rouges ne sont que des obstacles qui nous ralentissent », reconnaît Arthur, qui accuse clairement le système de rémunération.

« La pression, on se la met tout seul »

« On ne nous dira jamais de bombarder. La pression, on se la met tout seul parce que plus vite la course est faite, plus vite on peut en prendre une autre », renchérit Alexandre, un autre livreur lillois.

Deliveroo paye la course en province cinq euros. Cela « permet aux livreurs de générer un chiffre d’affaires moyen de 14 euros de l'heure », sur une base de 22h par semaine affirme l’entreprise. « Mais le nombre de courses est aléatoire donc on fait tout pour en avoir le plus possible », reconnaît Nicolas.