Migrants: De 18 à 30 mois de prison requis contre quatre hôteliers de Calais
JUSTICE•Les mis en cause sont soupçonnés d'avoir hébergé des migrants avant leur passage illégal en Angleterre…M.L. avec AFP
Vendredi, la procureure de Boulogne-sur-Mer à requis des peines de 18 à 30 mois de prison à l’encontre de quatre gérants ou co-gérants d’hôtels calaisiens. Ils étaient jugés pour avoir hébergé dans leurs établissements des migrants avant leur passage en Angleterre.
Les prévenus avaient été interpellés le 7 février à l’aube, après plusieurs semaines d’écoutes téléphoniques et d’opérations de surveillance. Lors des perquisitions menées dans les hôtels Bel Azur, Citadel, Tudor et Pacific à Calais, les policiers avaient découvert plusieurs migrants albanais et irakiens. « Ils étaient parfois six ou sept par chambre », a déclaré une employée aux enquêteurs.
« les entrées n’étaient plus surveillées après 1h du matin »
A la barre du tribunal, Abdeslem Merzoug, 45 ans, Janson Yahi, 37 ans, Mohamed Merzouk, 60 ans et son fils Mehdi, 29 ans, ont pu s’expliquer pendant 9h30 d’audience. « On exigeait un passeport pour chaque client, a argumenté Janson Yahi. Le problème, c’est que les entrées n’étaient plus surveillées après 1h du matin ».
Lorsque la procureure lui demande s’il savait que ces personnes voulaient passer en Angleterre, il répond : « Oui, mais j’avais des charges à payer. Moi, que ce soit des clients français, anglais, ou albanais, je suis content : je travaille ».
« Le fait que vous aviez des charges à payer n’excuse pas tout », a rétorqué Yves Gaudin, le président du tribunal, faisant notamment référence aux nombreux effets personnels et à l’argent retrouvés lors des perquisitions.
« De l’argent pour soigner ma mère, malade d’un cancer »
Lors de leur intervention dans les hôtels et au domicile de leurs gérants, les enquêteurs ont en effet mis la main sur plus de 23.000 euros « dont 14.000 euros cachés dans des enveloppes sous l’évier de la cuisine de Janson Yahi », a précisé le tribunal. « De l’argent pour soigner ma mère, malade d’un cancer », s’est justifié l’intéressé.
Si les prévenus ont essayé de démontrer qu’ils ne faisaient que leur métier, le ministère public a quant à lui estimé qu’ils avaient investi dans l’hôtellerie calaisienne « pour profiter de la misère des migrants ».
En conséquence, la procureure a réclamé un « signal fort », malgré le casier judiciaire vierge des accusés. Elle a requis 30 mois d’emprisonnement pour Janson Yahi, et de 18 mois d’emprisonnement pour les trois autres. Le tribunal correctionnel rendra sa décision le 17 mai.