Météo: Comment le Nord stoppe l'invasion de moustiques malgré la pluie
METEO•Le Département du Nord et les communes de la vallée de la Marque ont peut-être trouvé la parade contre les infestations de moustiques...Olivier Aballain
Les moustiques étaient déjà bien à l’aise dans les zones humides du sud-est de Lille. La pluviométrie record de ce mois de juin aurait pu les transformer en Guyane française. « On a eu très peur après les gros orages, nous a confié une habitante du Hameau du Peuvil, à Cysoing. Mais finalement pour l’instant on n’en a pas trop vu ». Et pour cause : Le département du Nord, et les communes, commencent à bien connaître leur affaire.
- Recette n°1 : Des traitements mieux ciblés
Fini l’épandage par hélicoptère. Le département du Nord a déployé des moyens aériens, en 2009 et 2012, pour traiter l’invasion des aedes sticticus et autres aedes vexans. Problème : le coût de ce type d’action est élevé, environ 40.000 euros, selon les services du département, sur un budget total… de 60.000 euros. « C’est impressionnant, cela rassure la population. Mais ce n’est pas très efficace, en réalité », précise Paul Christophe, le vice-président (DVD) en charge du dossier au département.
Cette année, la pluviométrie élevée du mois de juin favorise en outre un couvert végétal très dense.
En le balançant par hélicoptère, le produit n’accéderait donc que difficilement aux mares et trou d’eau où vivent les larves. A la place, le département mobilise huit techniciens à pied, ainsi que des agents des communes et, au coup par coup, des sociétés spécialisées. « C’est un travail de fourmi, mais jusqu’ici il porte ses fruits ».
- Recette n°2 : Une lutte naturelle
Les insecticides chimiques sont dorénavant à éviter sur les zones humides protégées. Le département fait donc appel à un agent de lutte biologique, le bacille de Thuringe. Cette bactérie s’attaque aux larves de moustiques dans l’eau, sans dommage pour les autres espèces. Et cela a peut-être joué cette année.
Paul Christophe raconte : « On a fait une petite visite le 31 mai dans le secteur de la Marque. On s’attendait à trouver beaucoup de larves, et il n’y en avait presque pas, on avait du mal à y croire. En revanche, il y avait beaucoup de bestioles, des batraciens, d’autres insectes, des hirondelles ». Et ça tombe bien car les hirondelles, grenouilles, crapauds et autres chauve-souris raffolent des moustiques. Une véritable armée en campagne.
- Recette n°3 : La réactivité.
Lors des précédentes infestations de moustiques, le Département a appris qu’il fallait agir vite, dès qu’une poussée était détectée. Le délai d’intervention est désormais inférieur à 24h, afin que le produit utilisé soit réellement efficace. Un réseau de surveillance a été mis en place, avec l’appui de nombreux acteurs de terrain. « On reste en veille jusqu’à la fin de l’été, garantit Paul Christophe. Vous savez, il suffit d’un gros orage et ça repart… »
- Recette n°4 : La prévention.
Les riverains des marais ont été peu à peu sensibilisés aux bons réflexes. « On fait attention à vider les pots, à couvrir les cuves de récupération des eaux de pluie », explique Sophie, qui habite près des marais, à Fretin. « On sait que c’est là-dedans qu’ils peuvent survivre ». Décidément, ces petites bêtes ne sont plus chez elles nulle part.