Lille: Les syndicats de Transpole règlent leurs comptes en justice
TRANSPORTS•Les syndicats SUD, FO et CFDT de Transpole vont porter plainte contre X après un audit sévère sur les comptes du CE en 2014...Olivier Aballain
Avec plus de 2 millions d’euros de ressources à gérer chaque année, le comité d’entreprise Transpole ressemble à une… petite entreprise. Mais l’instance, qui représente les 2.700 salariés de la société de transports en commun lillois, n’échappe pas à la crise. Selon nos informations, trois des cinq syndicats représentés au comité ont décidé, le 26 avril, de saisir la justice, à la suite d’un audit sur les comptes 2014.
En s’appuyant sur l’expertise rendue le 22 avril, SUD, FO et la CFDT s’interrogent sur la « sincérité » des comptes produits par l’ancienne équipe dirigeant le CE. Dans le collimateur : la gestion du comité par la CGT, aux commandes depuis « des dizaines d’années » avant que ses trois concurrents ne la mettent en minorité, en juin 2015.
Un « écart » de 238.000 euros sur les chèques cadeau
Parmi les onze incongruités de gestion relevées par les experts (qui ont produit un rapport de 388 pages), figure notamment un écart de 238.000 euros, portant sur les chèques cadeaux aux salariés. Plus de 606.000 euros de chèques ont été achetés (pour fêter Noël, les naissances, etc.), mais les experts n’ont retrouvé de preuves de distribution que pour un montant total de 368.000 euros.
Jacques Michaux, l’ancien secrétaire CGT, se défend en indiquant que l’audit a produit des « conclusions théoriques », sur une base erronée : « Le fichier remis à l’expert n’est pas celui de l’effectif en 2014 » indique le syndicaliste.
Cependant, un problème similaire a été relevé pour 2013: Le CE avait commandé et payé 3.250 chéquiers « Cadhoc », et ne peut prouver, au mieux, que 2.770 distributions. Cette fois, l’écart atteint 57.000 euros. « On ne sait pas où ils sont passés » s’inquiète le nouveau trésorier du CE, Frédéric Charbonneau (SUD).
Pendu « à un croc de boucher » ?
D’autres écarts à la normale ont été constatés, sur l’octroi de chèques vacances, ou encore la gestion du centre de vacances de Mieussy (Haute-Savoie), qui gérait un budget de 270.000 euros sans transmettre de compte de résultat.
Jacques Michaux précise avoir « apporté la contradiction » sur les points soulevés lors de la présentation du rapport. Mais le Cégétiste, qui a a quitté en janvier son poste de permanent au CE (détaché à temps plein, de son poste à Transpole), regrette la « dramatisation outrancière » des conclusions du rapport, utilisé par une nouvelle majorité soucieuse de le « pendre à un croc de boucher ».
Julien Mathis, le représentant FO devenu secrétaire du CE, en juin, s’en défend : « On a simplement décidé de mettre nos petites querelles de côté pour mener le travail transparence que demandaient les salariés ».
« Droit de regard » de la direction
A la CGT Transpole, le secrétaire de section Mohamed Farhi soutient son collègue Jacques Michaux, en rappelant que le compte 2014 du CE avait été adopté début 2015 « en 5 minutes, sans observation de ceux-là mêmes qui veulent aller en justice aujourd’hui ».
SUD, la FO et la CFDT s’interrogent également sur le rôle de la direction qui n’a « peut-être pas exercé son droit de regard ». Selon Me François Parrain, l’avocat mandaté par le « nouveau » CE pour porter plainte contre X auprès du procureur, les faits, s’ils sont prouvés, pourraient relever de l’abus de confiance. Contactée, la direction de Transpole n’a pas souhaité s’exprimer.