MIGRANTSEnfin un camp de réfugiés digne de ce nom à Grande-Synthe

VIDEO.Crise des migrants: Un camp pour l'exemple à Grande-Synthe

MIGRANTSAvec l'ouverture du camp de la linière, à Grande-Synthe, les réfugiés disposent enfin de conditions d'accueil dignes...
Olivier Aballain

Olivier Aballain

En quelques jours, les migrants de Grande-Synthe sont passés d’un pays apparemment boueux et désorganisé, à une France accueillante, propre et coordonnée.

Pourtant, la plupart des 1.200 migrants installés dans le nouveau camp de Grande-Synthe n’ont franchi que quelques kilomètres. Mais c’est un monde qui les sépare de l’ancien bidonville insalubre du Basroch.

Déjà 70 inscriptions à l’école

« Ici c’est propre, on peut se doucher, et les abris sont chauffés », résume Amang, arrivé en janvier du Kurdistan irakien. Son cabanon en bois, partagé avec trois compatriotes, est installé non loin de la longue allée centrale (un kilomètre, au bas mot) qui dessert les cinq hectares du nouveau camp.

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En fin de matinée, l’axe s’anime avec ceux qui reviennent des douches, ceux qui vont manger, et les enfants tout étonnés de pouvoir courir sans danger.

« Au Basroch ils restaient enfermés dans leur abri, c’était trop sale, trop dangereux dehors » explique Rory Fox, l’un des trois instituteurs du camp. L’école, déjà réimplantée au bord de l’allée centrale, a 70 inscrits, de 6 à 17 ans. Cette semaine elle fait passer des tests de niveau, avant la « rentrée » prévue lundi 14 mars.

Dans l'école du camp de Grande-Synthe
Dans l'école du camp de Grande-Synthe - O. Aballain

Cela fait des semaines que Médecins sans frontières (MSF) a préparé son affaire avec le maire Damien Carême (EELV). Une bonne partie de l’enveloppe de 2,6 millions d’euros que l’ONG consacre au camp a été engloutie dans la préparation du terrain. « On a drainé, installé une sorte de bâche qui retient le sol en laissant l’eau s’évacuer, et stabilisé l’allée centrale pour que l’accès reste toujours facile », décrit Clément Etcheberry, de MSF.

Le camp de migrants de Grande-Synthe (Nord)
Le camp de migrants de Grande-Synthe (Nord) - O. Aballain / 20 Minutes

Résultat : Finie la boue qui engloutit et salit tout, l’humidité qui empoisonne. « Tout est plus facile, confie Pascale Marty, coordinatrice du centre de soins. Installés dans un vrai bâtiment « en dur », les soignants animent une vraie petite clinique de campagne. Même le traitement de la gale sera plus facile. « Les couvertures sont neuves, les réfugiés peuvent se laver, il y aura une buanderie… ».

Une petite fille dans le camp de Grande-Synthe
Une petite fille dans le camp de Grande-Synthe - O. Aballain / 20 Minutes

Une fois les installations terminées (plus de 300 cabanons sont prévus, à terme), MSF quittera le mode « urgence » pour reprendre sa mission de soignant.

La gestion du camp a, elle, été confiée à l’association Utopia 56, des Bretons habitués à loger en camping 40.000 festivaliers des Vieilles Charrues. A leur tête, Yann s’enorgueillit d’être arrivé « à deux » en décembre, et d’avoir maintenant 700 volontaires prêts à aider. « Les gens viennent de partout, on a besoin de 120 personnes par jour, je suis très optimiste », sourit Yann.

Le maire Damien Carême espère, lui, que les conditions de vie du nouveau camp redonneront envie aux migrants de demander asile en France au lieu de tenter le passage en Angleterre. « Comment peut-on espérer les convaincre, tout en les accueillant les pieds dans la boue, sur un site insalubre ? ».