RC Lens: Gervais Martel risque quatre mois de prison avec sursis
JUSTICE•C’est la peine qu’a requis le procureur de la République d’Arras mardi dans l’affaire des prêts bancaires accordés au président lensois…François Launay
Quatre mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende. C’est la peine qu’a requise mardi le procureur de la République d’Arras à l’encontre de Gervais Martel, président du RC Lens, de Jean-François Dutilleul, président de Rabot Dutilleul et de Philippe Beauchamps, président du directoire du groupe Ramery. La décision a été mise en délibéré et sera rendue le 31 mars.
En 2010, Ramery et Rabot-Dutilleul, deux entreprises nordistes de BTP, avaient chacune accordé un prêt de deux millions d’euros à Gervais Martel. Ces prêts devaient permettre au président lensois d’asseoir sa position d’actionnaire majoritaire du club. Et en contrepartie, Martel s’engageait à leur attribuer le marché de rénovation du stade Felix Bollaert.
Le procureur pointe l’abus de bien social
Sauf que la justice y a vu une corruption, un abus de bien social et un recel d’abus de bien social. « Les parties étaient conscientes de la difficulté juridique de l’opération. Ils ont engagé les personnes morales qu’ils représentent pour un prêt personnel dépourvu de garanties sérieuses » a ainsi expliqué Hugues Weremme, procureur de la République d’Arras.
« Il n’y a rien d’illégal » assurent les avocats
Ce que contestent les avocats des accusés pour qui ces prêts privés, sortis d’un taux d’intérêt à 3,85 %, étaient parfaitement légaux.
« Il n’y a rien d’illégal. Les deux entreprises ont consenti un prêt à Gervais Martel pour lui permettre de sortir de sa situation financière difficile et en contrepartie ils obtenaient des marchés privés pour la rénovation du stade en vue de l’Euro. La montagne accouche d’une souris. Il n’y a pas de difficultés sur le plan juridique », assure Franck Berton, avocat de Philippe Beauchamps (Ramery).
Même son de cloche chez Didier Robiquet, avovat de Gervais Martel. « Il n’y a aucune infraction pénale et aucune intention coupable ni de Gervais Martel, ni des sociétées qui lui ont prêté l’argent », estime le défenseur du président du Racing qui espère que son client sera relaxé.
L’image écornée de Gervais Martel
Quant au président lensois, il a assuré à la barre du tribunal que « si c’était à refaire, je le referais. Je n’ai jamais rien caché. J’ai investi 10 à 15 millions de mon patrimoine personnel depuis que j’ai repris le club. J’ai été de bonne foi », a assuré Martel. Même si cette affaire risque de lui porter un préjudice moral.
aDurant le procès, les (énormes) dettes de jeu de Martel (887.000 euros au casino, 76.000 euros à un PMU d'Avion) ont été annoncées au grand jour. Et le président, qui a utilisé la moitié du prêt à des fins personnelles, doit encore rembourser les deux entreprises nordistes. Si le risque juridique paraît faible, l’image du président lensois en a pris un coup mardi à Arras.