Comment se plaindre d’une situation qu’on a en partie créé ? Le vice-président (LR), Gérald Darmanin, chargée des Transports à la région, en fournit un exemple. Dans un communiqué de presse, il s’est insurgé, mercredi soir, contre un « plan de transport adapté » qui sera mis en place du 29 février au 16 avril en Picardie et du 7 mars au 16 avril dans le Nord-Pas-de-Calais. Or, ce plan est, en partie, la conséquence de la réforme des retraites mise en place sous la présidence de Nicolas Sarkozy, dont Gérald Darmanin a été le porte-parole en 2014. Explications.
Suppression de 3 % des TER
La direction régionale de la SNCF vient, en effet, d’annoncer la suppression d’une trentaine de TER quotidiens* durant cette période à cause… d’un manque de conducteurs. « La situation va être tendue. Je préfère réduire le nombre de trajets en mettant en place des solutions alternatives plutôt que de gérer, au jour le jour, les suppressions de trains », assume Jacky Lion qui précise que ces suppressions concernent 3 % des offres de TER et 0,5 % des voyageurs.
Fausses estimations de départs
Comment la SNCF en est arrivée à manquer de conducteurs ? Avec la réforme des retraites, qui a aussi touché les cheminots, la société de chemins de fer dispose désormais d’une visibilité moins grande des départs en retraite. Avant, les conducteurs partaient à 50 ans. Aujourd’hui, pour bénéficier d’une pension complète, ils doivent prolonger parfois jusqu’à 56 ou 57 ans.
Or, pour 2016, les estimations de départs se sont révélées fausses car beaucoup de conducteurs ont fait valoir leur droit à la retraite avant d’atteindre le taux plein. « Le problème, c’est qu’il faut 18 mois pour former un conducteur de train et que la direction n’est prévenue que six mois avant le départ en retraite », explique Jacky Lion, directeur régional de la SNCF.
S’ajoutent à ce constat le récent décès d’un agent, six arrêts longue maladie détectés récemment et de nombreux chocs psychologiques à la suite d’accidents de personnes sur les voies. On est loin de la « mauvaise organisation du planning de congés des agents de la SNCF », mise en avant par Gérald Darmanin. Ce dernier conteste par ailleurs que les retraites soient la cause. « C’est le travail de n’importe quel service RH d’anticiper les départs en retraite », assure-t-il.
Une pénurie de candidats
Depuis l’an dernier, le conducteur de TER devient donc une denrée rare. D’autant que la campagne de recrutement national n’a pas été aussi efficace que prévu. « Il y a une pénurie de candidats à cause des conditions de travail difficiles et beaucoup d’échecs lors de la formation », signale le directeur régional.
En 2016, la SNCF recute donc en ouvrant 1.400 postes de formation dans toute la France. Un nombre encore insuffisant, selon la CGT.
* Les trajets supprimés en Picardie sont consultables sur le site TER de la SNCF. Ceux du Nord-Pas-de-Calais le seront la semaine prochaine.