Blocage de l'A1 par des gens du voyage: jusqu'à 3 ans de prison ferme requis
JUSTICE•Dans le procès des gens du voyage soupçonnés d’avoir bloqué l’A1, en août, la procureure a demandé trois ans de prison ferme pour trois des douze prévenus…G.D. avec AFP
«Actes graves » et « préjudice énorme ». Des peines allant jusqu’à trois ans de prison ferme avec mandat de dépôt ont été requises vendredi dans un procès qui a commencé la veille au tribunal d’Amiens, contre des membres de la communauté du voyage. Ils sont soupçonnés d’avoir bloqué l’autoroute A1 fin août en Picardie pour protester contre une décision de justice.
« On ne peut accepter ces violences »
La procureure Emmanuelle Puyobrau a requis trois ans ferme avec mandat de dépôt pour trois des douze prévenus, trois ans dont deux ferme pour deux d’entre eux, un an ferme pour un autre et un an dont six mois ferme pour quatre. Elle a aussi réclamé 5.000 euros d’amende pour chacun d’entre eux, et la relaxe pour seulement deux des prévenus.
Il n’est pas question « d’occulter le contexte, ni la souffrance de ces hommes, car cette souffrance était immense, était légitime, mais, on ne peut pas accepter ces violences », a-t-elle expliqué.
Pour 500.000 euros de préjudice
Mais « qu’on arrête de me dire que ce n’était pas grave ! Ce sont des dégradations en réunion, 500.000 euros de préjudice, c’est énorme », a lancé la magistrate. Des prévenus, elle aurait aimé, dit-elle « une prise de conscience ». Mais elle n’a finalement qu’entendu : « si c’était a refaire on le referait ».
« Quand on arrête l’école en CP ou en CE1 on n’a pas la capacité d’extraction de voir sa faute ou la participation à une faute d’une autre manière », a rétorqué sur ce point Me Hubert Delarue, avocat de l’un des prévenus.
« Ils ne sont pas idiots »
Argument irrecevable, selon elle : « Ils ne sont pas idiots ! (…) Arrêtons de prendre un air condescendant, arrêtons de penser qu’ils ne sont pas capables de discerner le bien du mal ! ».
Au cœur de la plaidoirie des cinq avocats, cette différence de traitement dont leurs clients auraient eu à souffrir, comparaison avec d’autres conflits sociaux récents à l’appui. « Je ne sais pas combien de chauffeurs de taxis ont été poursuivis…. Ils ont le sentiment qu’il y a une forme d’injustice de venir les poursuivre alors que dans d’autres conflits, on a trouvé d’autres solutions », a souligné Me Stéphane Daquo.
Un mouvement de colère
A l’origine de ce mouvement de colère dans la nuit du 28 au 29 août, week-end de retour de congés : un triple homicide, quatre jours plus tôt, dans leur communauté à Roye et le refus de la justice de laisser sortir de prison le fils de l’une des victimes, le temps d’assister aux obsèques. Le barrage avait été levé après la sortie provisoire du jeune homme pour assister aux obsèques.
Le délibéré devrait être rendu vendredi après-midi.