Lille: L'obésité enfin traitée comme une maladie à part entière
SANTE•Le CHRU de Lille a ouvert, depuis un an, un centre spécialisé de l'obésité encore méconnu, lequel permet de soigner sur le long terme des patients qui souffrent de surpoids chronique...Gilles Durand
L’obésité n’est pas une fatalité. Depuis sa création il y a un an, le centre spécialisé de l’obésité (CSO) du CHRU de Lille a pris le pari de soigner ce qui est reconnu comme une maladie depuis 1996 par l’Organisation mondiale de la santé, sans passer obligatoirement par une opération chirurgicale.
Une maladie complexe
« L’obésité est une maladie complexe due, la plupart du temps, à un ensemble de facteurs, génétiques, biologiques ou environnementaux. D’où l’intérêt d’une prise en charge personnalisée sur le long terme », souligne Hélène Verkindt, médecin au (CSO) du CHRU de Lille, un des quatre de la région*.
Car dans le Nord-Pas-de-Calais, plus d’une personne sur cinq est touchée par un surpoids chronique, un chiffre bien supérieur à la moyenne nationale. Environ 120.000 personnes seraient même atteintes d’obésité sévère. Et la frite mayo n’est pas la seule responsable, même si la mauvaise alimentation reste un facteur aggravant.
Une prédisposition génétique, mais pas que…
« Certaines personnes sont prédisposées, mais l’environnement joue beaucoup dans le développement ou non de cette maladie », explique le professeur François Pattou, responsable du CSO. Par exemple, un enfant né à une période d’obésité de sa mère aura plus de risque de le devenir à son tour que celui qui naît à un moment où sa mère aura maigri.
« Ça fait du bien d’entendre que c’est une maladie, témoigne Hélène, soignée au CSO. Jusqu’à présent, je frappais de porte en porte, mais tout ce que les médecins me disaient était de faire un régime ». Cette méconnaissance médicale n’étonne pas Monique Romon, du service de nutrition du CHRU : « Les médecins ne savent pas quoi faire car il n’existe aucun médicament contre l’obésité ».
« On réapprend à faire du sport »
Or, avec l’augmentation prévisible du nombre d’obèses, la prise en charge devra passer par les médecins généralistes. En attendant, le CSO a accueilli, lors de la première année, environ 1.300 patients. « On réapprend à faire du sport et à équilibrer ses repas, note Hélène. Et puis on n’accepte mieux sa situation par rapport au regard des autres. »
* Les trois autres se trouvent aux centres hospitaliers d’Arras, de Boulogne-sur-Mer et de Valenciennes.