Lille: L'accueil des réfugiés ne date pas d'hier
SOLIDARITÉ•L'association Rail organise l'accueil de réfugiés chez des particuliers depuis 2011...Olivier Aballain
L’élan de solidarité envers les migrants et réfugiés n’est pas apparu soudainement la semaine dernière dans la métropole lilloise. Basée à Villeneuve d’Ascq, l’association Rail (Réseau d’accueil des immigrés à Lille) coordonne depuis 2011 un réseau de volontaires qui s’engagent à héberger des réfugiés par périodes d’un mois continu, au maximum.
Une cinquantaine de demandeurs d’asile ont ainsi pu être accompagnés depuis la création du réseau, dont la montée en puissance a été très progressive. Marine fait partie des quinze volontaires, familles et communautés religieuses actifs en ce moment. « J’étais contente de trouver cette manière concrète de m’engager, même si ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan ».
Du cinéma, du Taï-Chi, des rencontres
Elle a accueilli 4 jeunes réfugiés en trois ans. Celui qui venait d’Afghanistan lui a fait pratiquer l’anglais, avec d’autres elle a fait du Taï-Chi, est sortie au cinéma… « Chaque fois ce sont des rencontres, beaucoup d’échanges, y compris pour nos deux enfants ».
La famille a aménagé une chambre particulière dans son logement, dans une petite commune du nord de Lille. Marine s’arrange pour rentrer du travail plus tôt lorsqu’elle accueille « un jeune », comme elle dit, pour passer du temps ensemble.
« Finalement c’était plus simple que ce que je pensais au départ, même si chaque expérience est différente, forcément ». Un nouvel arrivant devrait se profiler en octobre, mais le rythme d’un accueil par an convient bien à la famille.
« C’est un peu comme de loger un ami à la maison, on n’a pas forcément envie qu’il reste six mois ! », sourit la maîtresse de maison. Le Rail se veut souple pour les volontaires: chacun reste libre du nombre d'accueils proposés chaque année.
En une semaine, autant de volontaires qu’en un an
Selon Elisabeth Fichez, cofondatrice du Rail, l’accompagnement dure d’un à cinq mois, car l’association veille à toujours placer les réfugiés dans une démarche de demande d’asile et d’aide auprès des pouvoirs publics.
Depuis la semaine dernière, le Rail a déjà reçu trois fois plus de propositions de volontaires qu’en une année complète. Elisabeth Fichez se dit « contente » de voir le regard du public changer. Mais elle prévient les volontaires : « Ça ne peut pas être fait dans l’urgence », d’autant qu’il faut déjà gérer les demandes existantes. « Nous vérifions que les personnes qui se déclarent disposent bien de la place et des conditions suffisantes pour gérer l’accompagnement ».