SOCIALA Calais, le projet de camp de réfugiés de Manuel Valls rappelle Sangatte

Calais: Les cinq questions qui se posent sur le projet de camp de réfugiés de Manuel Valls

SOCIALLe premier ministre a annoncé la construction prochaine d'un campement humanitaire pour abriter 1.500 migrants. Mais des interrogations se font déjà jour, que recense «20 Minutes»...
Gilles Durand

Gilles Durand

Un camp de réfugiés bientôt à Calais. Le premier ministre, Manuel Valls, a annoncé, ce lundi, la construction pour « début 2016 », d’un campement humanitaire pour 1.500 personnes dans la « jungle » de Calais, où se massent des milliers de migrants dans des conditions misérables. Le projet doit bénéficier du soutien financier de 5 millions d’euros de la part de l’Union européenne. 20 Minutes se penche sur les questions qui émergent suite à cette annonce.

Se dirige-t-on vers un nouveau Sangatte ? En 2009, l'ancien ministre de l'Immigration, Eric Besson, assurait qu'il ne voulait pas «recréer un nouveau Sangatte». Dix ans plus tôt, en 1999, un hangar situé à Sangatte, près de Calais, était devenu un refuge pour une population de migrants déjà en forte croissance. « Il pouvait accueillir parfois plus de 4.000 personnes. La gestion avait été confiée à la Croix Rouge qui n’avait pas beaucoup de moyens. La mafia avait fini par y imposer sa loi », raconte Jacky Hénin, ancien maire (PCF) de Calais. Le centre avait été fermé en 2002 par Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l’Intérieur, pour des raisons de sécurité.

« Pas-de-Calais : les ONG dénoncent l'émergence d'un «Sangatte sans toit» Une «grosse pression policière» selon les ONG http://t.co/OzOWWY01hg — LIMPARTIAL (@chapoba) 31 Août 2015 »

Une solution pérenne ? Ce camp de réfugiés doit se composer de 120 grandes tentes pour 12 personnes. Les travaux de terrassement pourraient commencer avant la fin d’année. « Il arrive trop tard et il est beaucoup trop petit. Il y a déjà plus de 3.000 migrants à Calais. Ce n’est pas la bonne réponse à un besoin devenu permanent », dénonce Philippe Wannesson, auteur du blog Passeurs d’hospitalités.

Une réponse à l’urgence humanitaire ? Absolument pas, selon le directeur des missions France de Médecins du monde, Jean-François Corty. « Les mesures d’urgence ne sont pas à la hauteur des besoins. Sur le retour volontaire, l’amélioration de l’accueil des migrants, il n’y a rien du tout, rien sur la protection des besoins vitaux des migrants, alors qu’il faut répondre à l’urgence médico-sociale », a-t-il jugé auprès de l’AFP.

Une crise gérable ? « Les chiffres d’arrivées sont importants – il s’agit bien d’une crise – mais ils restent tout à fait gérables pour un continent de 500 millions d’habitants. A condition que nous répondions à cette crise dans un esprit d’unité et de responsabilité », estime Frans Timmermans, Premier Vice-Président de la Commission européenne.

Le cynisme de la Grande-Bretagne ? Pour Jacky Hénin, « la situation changera quand la Grande-Bretagne modifiera ses lois ». « C’est le même problème depuis plus de 20 ans : les migrants veulent traverser car en Angleterre, ils peuvent travailler au noir sans pièce d’identité, affirme-t-il. Les Anglais se servent de ces malheureux pour faire baisser le prix de la main-d’œuvre. Pour construire les infrastructures des JO à Londres, ils ont su laisser volontairement entrer une partie de ces migrants sur leur territoire. »

Subventions de l’Europe. L’Union européenne accorde 266 millions d’euros à la France pour la période 2014-2020 à la France pour le financement d’actions structurelles dans les domaines de l’asile, des migrations et de l’intégration.