JUSTICELille: Un libraire musulman sera jugé le 2 février pour apologie du terrorisme

Lille: Un libraire musulman sera jugé le 2 février pour apologie du terrorisme

JUSTICEL'homme de 59 ans est connu des services de renseignement pour sa radicalité...
La façade de la librairie, rue des Postes, à Lille.
La façade de la librairie, rue des Postes, à Lille. - Google Maps
Mikaël Libert

Mikaël Libert

Le gérant de la librairie islamique lilloise «El Azhar» passait devant la chambre correctionnelle de Lille en comparution immédiate pour apologie du terrorisme. Il a obtenu le renvoi de son jugement au 2 février et une libération sous contrôle judiciaire.

Des drapeaux de l'Etat islamique?

Chaabi M'Barek, libraire marocain de 59 ans, avait été arrêté, vendredi soir, dans sa boutique de la rue des Postes, à Lille. Un automobiliste, coincé dans la circulation, avait appelé la police après avoir remarqué un drapeau accroché dans la vitrine de la librairie. Selon le témoin, le drapeau ressemblait à s'y méprendre à celui de l'Etat islamique. Une patrouille de police s'était alors rendue sur place et constaté effectivement la présence d'un «drapeau noir avec des inscriptions blanche en arabe». Les agents avaient alors décidé de contrôler l'établissement. D'autres drapeaux similaires étaient trouvés dans l'échoppe, ainsi qu'un livre au titre évocateur: «Terrorisme et attentats suicides». Au procès-verbal de l'interpellation figurent aussi des propos qu'aurait tenus Chaabi M'Barek aux policiers: «Nous les barbus, on va tous vous vaincre» et «Je m'appelle Ben Laden».

«On m'appelle Ben Laden»

Lors de l'audience de renvoi, l'avocat du libraire, maître Cogniot, a reproché au président du tribunal de tronquer les propos de son client. Ainsi, l'accusé aurait plutôt dit: «Nous, les barbus, nous allons tous vous vaincre, dans la légalité et sans violence». Comme il n'aurait pas dit «Je m'appelle Ben Laden», mais «On m'appelle Ben Laden», en référence à sa longue barbe. L'avocat déplore aussi la confusion qui a été faite sur les drapeaux et le livre incriminés. «Le titre du livre est accrocheur, mais son propos est de dénoncer les actes de violence des terroristes».

Pour maître Cogniot, les drapeaux retrouvés dans la boutique sont «religieux» et non «idéologiques». Ils reprennent une phrase bien connue des musulmans: «Il n'y a de Dieu que Dieu et Mohamed est son prophète». Phrase certes reprise par l'Etat islamique sur sa bannière, mais sous une autre forme.

Interdiction de retourner dans sa librairie

Deux des huit enfants du libraire étaient présents au tribunal, lundi. Pendant la suspension d'audience, son fils lance: «Je ne pratique pas l'islam, vous croyez que mon père aurait toléré ça s'il avait été un intégriste?». «Ce drapeau est dans sa vitrine depuis des années, explique sa fille. Pourquoi lui reproche-t-on ça maintenant?» La procureure avait demandé le maintien en détention «par crainte que les faits soient réitérés». Le président du tribunal n'a pas suivi. Les faits seront jugés sur le fond le 2 février.

En attendant, Chaabi M'Barek devra se soumettre à un contrôle judiciaire en pointant deux fois par semaine au commissariat. Il a aussi l'interdiction de retourner dans sa librairie.