Sébastien Van de Velde n'a «plus rien à perdre» dans son combat contre Danone. Le PDG des glaces Dagniaux passe donc à l'offensive. Ce mercredi il a fait procéder à un constat d'huissier au magasin Carrefour de Wasquehal, où ses produits «Dagniaux» sont vendus à quelques pas des en-cas «Danio» de Danone.

Une marque de 1927 contre une marque de 2014

Le temps presse: à quelques semaines des fêtes de Noël, les glaces artisanales Dagniaux viennent d'enregistrer l'annulation d'une commande de 137.000 bûches glacées, représentant 40% de ses ventes à Noël. Environ 12% du chiffre d'affaire de l'année évaporés d'un coup de fil.

Motif invoqué par la centrale d'achats (dont l'identité reste cachée): impossible de placer en rayon deux produits différents mais ayant le même nom.

«Dagniaux», la marque artisanale créée en 1927, est donc priée de céder la place à «Danio», la marque d'en-cas vendue par Danone... depuis janvier 2014. «Si cela continue, c'est la pérennité de mon entreprise qui est menacée», fulmine le jeune patron (31 ans).

Combat inégal

D'un côté, la petite entreprise nordiste qui emploie 70 salariés à Roubaix, et que Sébastien Van de Velde a sauvée de la faillite en 2012. De l'autre, la multinationale de 100.000 salariés, qui a décidé d'investir le secteur du «snacking» au rayon frais. Le combat est forcément inégal. «Nous le savions, c'est pourquoi nous avons d'abord cherché un arrangement à l'amiable», assure Sébastien Van de Welde.

La demande du patron roubaisien: que Danone s'engage à ne jamais proposer de produits glacés. Et que le groupe retire son dépôt de marque dans ce domaine auprès de l'INPI (l'Institut national de la propriété industrielle). «Ils ont refusé car d'après eux les deux marques ne pouvaient pas être confondues». En retour, Sébastien Van de Velde fait un pied de nez: il dépose la marque «Danaune» à l'INPI. Si Danio ne pose pas de problème à Dagniaux, «alors Danaune ne doit pas poser problème à Danone»...

Frais de justice et budget marketing

Evidemment, le spécialiste du yaourt n'est pas du même avis. Les tentatives de conciliation par avocat ont échoué. Et en cas de conflit entre Dagniaux et Danio, le choix risque d'être vite fait pour les centrales d'achat. «Pourtant nous sommes distribués en grande distribution depuis 14 ans, se désole Sébastien Van de Velde, et depuis deux ans nous vendons jusqu'au Brésil».

L'entreprise nordiste, redevenue bénéficiaire en 2014, a déjà engagé «entre 30.000 et 40.000 euros» de frais de justice. Mais le groupe Danone a investi, selon le magazine spécialisé LSA, «plusieurs millions d'euros» dans le lancement de Danio... Contacté par 20 Minutes, le groupe indique n'avoir «à aucun moment souhaité porter préjudice la marque Dagniaux». Danone assure que les discussions «ne sont pas closes» pour «trouver une solution qui convienne à tout le monde». Allez, c'est bientôt Noël.

M.A.J. 15H: Ajout de la réaction de Danone