Sac de survie pour les SDF: «Nous avons un cœur, contrairement à certains élus»
SOCIÉTÉ•Le patron de l'ONG nordiste GSCF présente la dernière déclinaison de son «sac de survie» pour les personnes sans domicile fixe. Mais il regrette le manque de soutien de certains élus, notamment à Lille...Olivier Aballain
Thierry Velu repart à l'assaut de l'hiver. Le président du Groupe de secours catastrophe français, une ONG basée à Villeneuve d'Ascq (Nord), présente la 4e version du sac de survie destiné aux personnes sans domicile. Depuis 2011, un millier d'exemplaires ont été distribués dans toute la France.
Le président du groupe de secours catastrophe français, Thierry Velu - GSCF
Pourquoi avez-vous mis au point ce sac de survie?
Ce sac reste malheureusement unique en France. Les places d'hébergement ne suffisent pas à répondre à la demande pendant l'hiver. Bon nombre de personnes sans domicile se retrouvent à dormir dehors quand les températures sont basses. Et elles ont besoin d'un équipement de base.
De quoi ce sac est-il constitué cette année?
Les équipements classiques d'hygiène, de lutte contre le froid, de premiers soins sont toujours présents. Mais nous adaptons la composition chaque année. Par exemple, il y manquait un rouleau de papier-toilette. Cela peut paraître étonnant mais voilà, c'est le genre d'accessoire de base qui manque aux personnes dans la rue. On a également mis des comprimés vitaminés car les personnes qui dorment dehors sont très carencées. Et nous avons remis une radio-lampe à dynamo. C'est cher mais très demandé.
Qui supporte le coût du sac?
Cela revient à 150-170 euros environ. Chaque année nous avons dû nous battre pour le faire financer, par des collectivités, des associations qui nous le réclamaient. En 2013-2014, pour la première fois tous les coûts ont été compensés, mais c'est épuisant.
Certaines collectivités sont plus partantes que d'autres?
Oui. Notre principal financeur c'est le conseil général du Nord, qui nous aide à hauteur de 10.000 euros. Nous distribuons à Dunkerque, Valenciennes... Mais nous sommes aussi soutenus par la municipalité de Villeneuve d'Ascq, sollicités par des CCAS (Centre communal d'action sociale) en région parisienne, et jusqu'à l'Aquitaine cette année où Noël Mamère va nous accompagner.
Et Lille?
La ville de Lille répond qu’elle a déjà ses propres dispositifs. Il suffit d’aller en ville pour constater que ça ne suffit pas. Mais cela ne nous a pas empêchés d'en distribuer par le passé, car la demande existe, évidemment. Nous avons un cœur, contrairement à certains élus.
Des fournisseurs vous donnent-ils certains équipements?
Non, pas un seul. Et pourtant nous en avons sollicité plusieurs, notamment dans le secteur de l'hygiène, ou de la santé. Un carton de mille tubes de dentifrice ne représente pas un effort insurmontable pour une multinationale, mais ils nous disent qu'ils n'ont plus de budget. C'est parfois décourageant.