VIDEO. Pas-de-Calais: Six mois avec sursis requis contre Mamie Yvette et ses 169 lotos
JUSTICE•La grand-mère jugée jeudi pour avoir organisé un loto clandestin par semaine pendant quatre ans dans le Pas-de-Calais sera fixée sur son sort le 6 novembre...O.A. avec AFP
Entre 2009 et 2013, elle a arpenté les routes du Pas-de-Calais avec son boulier et ses cartons dans le coffre. La justice mettra probablement un point final le 6 novembre à l'aventure de Mamie Yvette, jugée jeudi au tribunal correctionnel d'Arras pour avoir organisé 169 lotos non déclarés à l'administration. Le procureur a requis à l'audience six mois de prison avec sursis contre cette retraitée de 76 ans, qui vit dans une résidence pour personnes âgées de Saint-Omer (Pas-de-Calais). En outre, elle risque «l'interdiction définitive d'exercer une activité sociale en lien avec l'infraction».
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Yvette Bert comparaissait pour organisation de loteries prohibées, publicité pour une loterie prohibée et abus de confiance. Elle est également poursuivie pour infraction fiscale pour ne pas avoir acquitté d'impôts sur les 460.743 euros de recettes des lotos.
Les bénéfices des lotos, organisés chaque dimanche par l'association «Ensemble pour l'espoir» que présidait Mme Bert, étaient reversés à des associations caritatives et à des personnes dans le besoin, selon la défense. «Si elle avait la main sur le coeur, elle l'avait aussi dans la poche», a affirmé le procureur Adam Chodkiewiez à propos de la prévenue. Il a reconnu toutefois que Mamie Yvette, une petite dame ronde, en veste rouge et blouse blanche qui souffre d'ulcères aux jambes et marche avec difficulté, «a bien changé depuis».
«Une association lucrative sans but»
Mais selon Adam Chodkiewicz, «Ensemble pour l'espoir», qui organisait un loto par semaine auquel assistaient 50 à 200 personnes dans une salle de Saint-Omer louée 2.000 euros par mois, était à l'époque «une machine de guerre», «un bulldozer». «C'était une association lucrative sans but», a-t-il ironisé tout en reconnaissant que la prévenue «ne s'était pas mis beaucoup d'argent dans la poche».
Au total, 440 manquements à la législation ont été comptabilisés pour chacun desquels une amende de 15 euros a été demandée. Les douanes réclament également le règlement des taxes normalement dues, soit 88.000 euros.
«Ma famille, c'est les gens du loto, je me suis racrochée aux lotos», a glissé Mme Bert en sanglotant lorsque la président Elise Hibon l'a interrogée sur sa famille. La septuagénaire, divorcée, a sept enfants qu'elle ne voit jamais. «Quand on m'a arrêté les lotos, j'ai fait une dépression», a-t-elle ajouté. Elle avait tenté de se suicider à Noël. Une pétition de soutien a été lancée.
Le jugement sera rendu le 6 novembre.