Vidéo. A Phalempin, des cadenas contre la réforme des rythmes scolaires
Éducation•Les enseignants et quelques parents d'élèves se sont retrouvés ce matin devant les portes fermées des quatre écoles de la ville. Le député-maire UMP Thierry Lazaro entendait dénoncer ainsi le décret qui organise la semaine d'école sur cinq jours, dont le mercredi...Texte: Olivier Aballain - Vidéo: Mikaël Libert
Les instituteurs, fonctionnaires d’État, sont arrivés comme prévu un peu avant 8h45 devant les grilles de l’école Les Viviers à Phalempin (Nord). L’herbe est tondue de frais, la rentrée d’hier s’est bien passée, l’affichage rappelle la composition de chaque classe. Mais ce mercredi matin, il manque la plupart des élèves. Et pour cause: la veille, le député-maire Thierry Lazaro (UMP) a fait la tournée des quatre écoles de la commune pour les avertir que la mairie, propriétaire des lieux, fermerait les accès.
Alors ce mercredi matin, l’édile se rend une nouvelle fois sur les lieux pour expliquer sa décision. «Les maires n’ont pas été entendus», répète-t-il à l’envi. Il est soutenu par quelques parents d’élèves venus par solidarité. Il faut dire que la «consultation» sur les rythmes scolaires, organisée en mai, lui a donné les coudées franches (95 % de non à la réforme avec 54 % de participation)
Une «bonne leçon d’instruction civique»
«Nous, nous avons la chance d’avoir un maire qui nous écoute», assure Anne Cardin, présidente de l’association des parents d’élèves de Phalempin, qui couvre les quatre écoles de la commune (450 élèves au total). «Ce qu’on regrette, c’est le manque de souplesse dans l’application. Et puis nos enfants ont besoin d’une coupure dans la semaine, l’école le mercredi on est contre».
Même si les possibilités de déroger au mercredi existaient (à Lille l’école se fait le samedi), ici tout le monde regrette que le gouvernement ait légiféré «par décret, sans possibilité d’amendement à l’Assemblée nationale». «C’est une bonne leçon d’instruction civique», plaisante le maire.
Pas d’intervention des gendarmes
Il perd le sourire quand une dame vient se plaindre. Avec elle un garçon, cartable sur le dos, s’attendait à rejoindre sa classe de CE2. «Vous avez le droit de ne rien prévoir pour accompagner la réforme, mais pas d’empêcher l’accès à l’école», regrette la récalcitrante avant de repartir. Les gendarmes passent au large mais ne s’arrêtent pas: visiblement, ils n’ont pas l’ordre d’intervenir ce matin, contrairement aux menaces de la ministre Najat Vallaud-Belkacem.
L’inspectrice de l’Éducation Nationale est bien là, elle. «Je constate la fermeture des accès. Je suis aussi venue m’assurer qu’aucun enfant n’est perdu sur le trottoir, au cas où les parents ne seraient pas au courant.» Quant aux enseignants, ils repartiront avec elle vers l’Inspection d’académie, à Seclin, pour une réunion de réflexion sur «l’organisation des matinées». La plupart restent silencieux, même si quelques hochements de tête en disent long sur leur soutien au maire.
Vers une retraite en rase campagne?
Pour autant la situation ne peut pas durer. «Chaque semaine, nos enfants perdent 3h de cours puisque chaque journée est raccourcie de 45 minutes», rappelle Nathalie, maman de deux garçons en CM1 et CM2. «On soutient le maire, mais il faudra bien trouver une solution».
Thierry Lazaro se veut rassurant. «Nous avons marqué notre désaccord. Nous allons maintenant continuer de discuter avec l’Éducation Nationale pour mettre fin à cette situation, dans l’intérêt de tous. Si nous avions été des milliers de maires à faire ce que j’ai fait ce matin, l’histoire aurait été différente. Mais là c’est comme dans une bataille: quand les fantassins ne sont pas soutenus, mieux vaut se replier». Rendez-vous mercredi prochain.