Comment éviter un nouveau Sangatte dans le Pas-de-Calais?
IMMIGRATION•La maire (UMP) de Calais, Natacha Bouchart, propose d’installer un nouveau centre d’accueil pour migrants sur sa commune, mais pas toute seule…Gilles Durand
Quelle solution pour les migrants? La maire (UMP) de Calais, Natacha Bouchart, doit rencontrer le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, le 2 septembre pour évoquer l’ouverture possible d’un centre chargé de faire face à l’afflux de clandestins dans la commune. Un projet auquel le ministre s’est dit opposé, ce jeudi.
L’annonce de Natacha Bouchart, faite la semaine dernière, a ravivé le souvenir du centre d’accueil de réfugiés de Sangatte, démantelé en 2002. En quoi ce nouveau projet est-il différent? Emmanuel Agius, premier adjoint chargé du dossier à Calais, répond à 20 Minutes.
Un circuit européen
Sangatte était un lieu d’accueil provisoire et isolé. L’idée est, cette fois, de pérenniser plusieurs centres en Europe le long du cheminement connu des migrants. «Il s’agirait de réguler le flux de migration des candidats à l’immigration au sein de l’Europe. Dans chaque centre, les migrants seraient informés de leurs droits, mais aussi que l’Eldorado anglais, promis par les passeurs, n’existe pas.» Si ce projet européen est retenu, Calais se propose d’être la première ville où un centre verrait le jour.
Un lieu géré par l’Etat ou l’Europe
Le centre de Sangatte était géré par la Croix Rouge. «Les moyens étaient limités, ce qui posait des problèmes d’organisation.» En échange d’une compensation ou d’un dédommagement, la maire de Calais propose de céder un lieu dont l’Etat ou l’Europe prendrait la responsabilité du fonctionnement. «Nous avons déjà un site qui serait rapidement opérationnel: le camp Jules-Ferry, par exemple, qui accueille actuellement des jeunes gens pendant les vacances.»
Un contexte différent
Pour l’élu calaisien, la situation migratoire a évolué depuis douze ans. «Les migrants sont plus vifs. Quand ils surviennent, les affrontements sont plus violents. Le regard de la population à leur égard a changé: la compassion d’hier a disparu.» Dans un courrier envoyé au ministre de l’Intérieur, la maire Natacha Bouchart, estime que sa ville «est aujourd’hui soumise à une pression intenable par la présence plus nombreuse que jamais des migrants sur notre sol, en plein centre». Entre 1.200 et 1.300 migrants sont présents à Calais, ce qui représente une augmentation «de l’ordre de 50 % en quelques mois», avait souligné début août le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin.