Patrick Kanner: «L'instabilité de ce gouvernement ne m'enchantait pas»
INTERVIEW•Le nouveau ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports explique comment il conçoit son nouveau rôle dans la vie politique...Gilles Durand
Avec le retrait de Frédéric Cuvillier, ancien ministre des Transports, Patrick Kanner, président du conseil général du Nord, reste le seul Nordiste du gouvernement. Il appris la nouvelle vers 16h30, mardi, alors qu'il participait à un séminaire à Bruxelles avec les présidents socialistes des départements. Il assistera, ce mercredi matin, à son premier conseil des ministres.
Comment avez-vous appris votre nomination?
J'ai reçu un coup du fil du premier ministre qui me proposait un portefeuille. Je n'ai pas hésité une seconde. Je n'y vais pas de manière naïve, mais avec la joie de servir mon pays. Fils d'ouvrier émigré, je sais d'où je viens. Je considère qu'être ministre est une charge et ne donne aucun avantage particulier. Je sais aussi que c'est un CDD.
Pourtant, la veille, vous n'étiez pas tendre avec ce gouvernment dans vos déclarations?
L'instabilité de l'ancien gouvernement ne m'enchantait pas. Or, il a pris ses responsabilité en 24 h. Maintenant, il faut que les choses soient claires. Ce gouvernement doit réussir. Je fais confiance au sens des responsabilités de chacun des socialistes, lequel doit primer sur toute aventure individuelle.
Vous avez déjà des projets à mettre en place pour la politique de la Ville, de la Jeunesse et des Sports?
C'est encore trop tôt. C'est un grand ministère qui porte des sujets touchant directement à la vie des gens. Je vais interpeller Jean-Louis Borloo, qui a été ministre de la Ville avant moi et qui est un ami, pour m'inspirer de son expérience. J'ai toujours été pour l'échange des bonnes pratiques, plutôt que dans l'invective.
Avec vous comme ministre, les départements ne seront pas supprimés...
J'évoquerai en temps et en heure ce projet contre lequel je me suis battu. En plus, j'aurai un œil particulier sur le Nord et notamment le projet du canal Seine Nord qui me tient particulièrement à cœur. Je suis sûr que ça se fera. J'ai déjà eu des discussions en privé avec Valls. Il est conscient de l'enjeu économique pour le pays. Je ne suis pas schizophrène. Je ne vais pas oublier ce que j'ai défendu pendant des années.
Qui va vous succéder à la présidence du département?
Je vais redevenir conseiller général de base le week-end et rester attentif à ce qui se passe dans le Nord. Un socialiste me remplacera à la tête de l'exécutif. Je n'ai aucune crainte. J'avais une bonne équipe au département.
Que pense Martine Aubry, la maire de Lille, de votre nomination?
Dès qu'elle a été officialisée, c'est-à-dire quelques minutes avant l'annonce à la télévision, Martine Aubry est la première personne que j'ai appelée. Ce qu'elle m'a dit reste du domaine de la conversation privée. Elle me jugera sur ma capacité à exister dans ce gouvernement.