POLITIQUELe président du conseil général du Nord pense que la suppression des départements «ne se fera pas»

Le président du conseil général du Nord pense que la suppression des départements «ne se fera pas»

POLITIQUEPatrick Kanner (PS), qui dirige le premier département de France, compte adresser des propositons «constructives» à François Hollande lundi 2 juin...
Propos recueillis par Olivier Aballain

Propos recueillis par Olivier Aballain

Il n’est pas du genre à se fâcher tout rouge. Pourtant Patrick Kanner n’entend pas se laisser dissoudre sans discuter. Le patron du département du Nord, le plus gros de France par la population, organise lundi, au conseil général, un débat sur la réforme territoriale annoncée par François Hollande.

Pensez-vous que François Hollande va tenir compte de votre avis pour ficeler sa réforme territoriale?

Impossible à savoir. Mais nous pouvons formuler des propositions alternatives. Les départements ont appris leur arrêt de mort sans procès. Je suis moi aussi convaincu qu’une réforme des collectivités peut être bénéfique. La question, c’est de prendre des mesures efficaces, pragmatiques. Si on supprime les départements, quelle sera la valeur ajoutée?

Y croyez-vous vraiment à cette suppression?

Non, je crois que ça ne se fera pas. On devrait avoir des annonces dans les jours qui viennent, mais je pense que le président n’aura pas la majorité des 3/5e au Congrès pour réformer la constitution et supprimer les départements. Et il ne fera pas de référendum.

Quelles sont les alternatives?

Par exemple, les collectivités peuvent s’engager, avec l'État, dans un contrat d’objectifs et de moyens qui fixe au départ les économies à réaliser. Mais il faut laisser de l’oxygène aux élus locaux pour qu’ils s’organisent en fonction des contraintes locales. Je prône un pragmatisme à l’anglo-saxonne plutôt qu’un jardin à la française du XVIIIe siècle, où tout est imposé d’en haut.

Êtes-vous prêt à mieux répartir les compétences?

Bien sûr. Aujourd’hui le département du Nord s’occupe des ruches d’entreprises. On pourrait imaginer demain que toutes les compétences économiques locales soient exercées par une seule collectivité.

Ne craignez-vous pas de donner l’impression de vouloir sauver votre mandat d’élu?

Je ne sais pas si le nombre d’élus est une question pertinente. Au conseil général du Nord, les indemnités des élus représentent 0,7 % du budget total. En France, l’écrasante majorité des mandats électoraux est en fait exercée par des élus municipaux. Mais l’hiver, lorsqu’on en était au quatrième épisode neigeux, j’ai été bien content de pouvoir faire appel aux maires agriculteurs, qui sont presque des bénévoles, pour dégager les routes avec leur tracteur. Etre élu, c’est aussi s’impliquer dans le territoire, faire du lien social.

N’y a-t-il pas une fracture entre les élus et le corps électoral?

Je pense que la réforme doit aussi concerner la démocratie participative, car les résultats des Européennes ont montré que les électeurs voulaient donner leur avis. Le résultat de dimanche est référendaire: les citoyens se sont déplacés pour dire non, mais ils se sont déplacés quand même. Si on les écoute, ils viendront participer.