Nenuphar, spécialiste des éoliennes flottantes, peut en témoigner: l'industrie lilloise a encore du souffle. La start-up a reçu mi-avril un soutien sonnant et trébuchant de 15 millions d'euros auprès de trois grands investisseurs (BPI France, Areva et IDInvest). Une levée de fonds inédite qui valide l'innovation portée par Charles Smadja et Frédéric Silvert, les deux fondateurs de Nenuphar.

Un protoype haut de 100m

En concevant une éolienne flottante, Nenuphar répond à un défi technique: l'implantation de structures en mer (off-shore) lorsque la profondeur dépasse 35 mètres. «Une grande partie du littoral français est concernée par ce type de fonds, sur la partie atlantique et méditerannée. C'est pourquoi l'éolien off-shore classique, fixé au fond de l'eau, n'a pas pu s'y développer comme aux Pays-Bas, en Allemagne ou au Royaume-Uni», assure Frédéric Silvert.

C'est aussi ce qui explique l'intérêt d'Areva pour la technologie flottante de Nenuphar, l'industriel saluant au passage «les développements technologiques porteurs» des ingénieurs lillois. Ces derniers se démarquent d'autant plus qu'ils ont conçu une éolienne tournant sur un axe vertical, capable de capter le vent dans toutes les directions. Les éoliennes classiques, qui tournent sur un axe horizontal, doivent s'adapter au sens du vent, et sont plus instables en mer. «Nous choisissons la solution qui limite le nombre de pièces d'usure, ce qui est un point capital en mer», poursuit Frédéric Silvert. Nenuphar termine la construction, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), de son premier prototype grandeur réelle (100m de haut à terme). Les premiers tours de pale sont prévus en juin. L'exploitation commerciale en mer, en partenariat avec EDF, devrait démarrer en 2017. Nenuphar, qui emploie déjà 20 salariés, va recruter 10 à 15 spécialistes en plus en 2014. «Le nom d'Areva va nous aider à recruter, car nous cherchons des profils d'experts», se réjouit Frédéric Silvert.

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