Le squelette a fini par parler
ENQUETE•La justice a retrouvé les descendants du mort du Vieux-Lille...Olivier Aballain
A près plus d'un an d'enquête, le squelette du Vieux-Lille a retrouvé une histoire… et une famille. Les neveux espagnols de Mamerto Rodriguez ont été conviés pour des prélèvements ADN au commissariat de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques). Ils monteront de Santander en Espagne (comme leur oncle il y a plus de 70 ans) pour confirmer une filiation «déjà établie par les papiers», selon le parquet de Lille. Mais il aura fallu de la persévérance à la sûreté urbaine pour reconstituer l'histoire de cet homme solitaire, retrouvé le 19 octobre 2012 à l'état de squelette dans son lit du 9, rue Saint-Jacques à Lille.
Arrivé d'Espagne en 1942
Les dernières factures d'eau et d'électricité avant coupure dataient de 1996 et 1997. Mamerto Rodriguez était donc mort depuis au moins 15 ans. Mais sa dernière relation connue remonte à 1971, date du décès de Lucie Chanat, une dame de 90 ans dont il était devenu le confident… et l'héritier. «C'est une affaire peu commune», commente Pierre Kerveleo, le généalogiste qui a aidé l'enquête à progresser. Dès décembre 2012, les enquêteurs avaient fixé l'identité du squelette «à 99%» en comparant son crâne avec une radio portant son nom. On sait maintenant que Mamerto Rodriguez a quitté la région de Santander sans laisser de traces, en 1942. Et c'est en arrivant à Lille qu'il s'est fait appeler Alberto, un prénom plus passe-partout. «On a longtemps craint que ses papiers n'aient disparu des archives espagnoles», commente Christophe Amuntsateguy, substitut en charge du dossier au parquet de Lille. Deux neveux, une nièce et un petit-neveu se sont fait connaître. Si la filiation se confirme, le corps de Mamerto Rodriguez pourra enfin quitter l'Institut médico-légal de Lille pour reposer en paix. Peut-être dans son pays natal.