ÉCONOMIEUne stèle à 100 millions d'euros

Une stèle à 100 millions d'euros

ÉCONOMIEille Métropole renonce au projet de naming en baptisant le Grand Stade «Pierre-Mauroy»...
Gilles Durand

Gilles Durand

Le Grand Stade de Lille s'est enfin trouvé un nom: Pierre-Mauroy, en hommage à l'ancien maire de Lille, décédé récemment. Le vote, vendredi, des élus de la communauté urbaine de Lille (LMCU) met fin à plus de cinq ans de bataille autour d'un projet de naming visiblement surévalué. «Lorsque nous avions lancé ce projet de naming en 2008, la situation économique n'était pas la même. Aujourd'hui, il est difficile pour les entreprises de s'engager», plaide Michelle Demessine, vice-présidente (PC) chargée des sports à Lille Métropole.

Partenaire «sous le coude»

Lille Métropole renonce donc à environ 3,5 millions de recettes annuelles censées alléger la facture du Grand Stade pour la collectivité. Soit un manque à gagner d'environ 100 millions d'euros sur les 30 ans du contrat.

En septembre 2008, pour que les élus s'engagent sur ce projet de naming, la présidente de LMCU, Martine Aubry, n'hésitait pas, lors d'un bureau du conseil communautaire, à affirmer «avoir sous le coude» un partenaire prêt à débourser 4,3 millions d'euros pour voir son nom affiché sur la façade du stade. La fourchette de prix sera réévaluée entre 3,2 et 3,8 millions. Le mois suivant, lors du vote décisif du conseil régional, le jour de la signature du contrat de partenariat public-privé avec Eiffage, seuls les élus Verts jugent cette évaluation déraisonnable en comparaison avec les grands clubs européens. Le club allemand du Bayern, champion d'Europe, obtient par exemple, 6 millions par an pour son naming. Le groupe de casinos Partouche sera le seul à faire une proposition à 2 millions. «Le nom du sponsor devait être assorti de valeurs, répond Michelle Demessine. Nous avons fait le choix du cœur.»

■ Un nouveau tour de table financier

Chaque année, Lille Métropole devra donc débourser plus de 10 millions d'euros. A moins que… «Nous espérons tirer une somme correcte auprès de quatre grands partenaires inclus dans le projet de naming», assure la vice-présidente aux sports. Le conseil général du Nord a donné son accord pour participer à un nouveau tour de table. Le conseil régional, qui a déjà payé 45 millions, doit engager un débat pour un soutien financier supplémentaire.