Agression homophobe dans un bar gay à Lille
FAITS DIVERS•Le parquet de Lille a ouvert une enquête pour violences en réunion aggravées par l'appartenance sexuelle des victimes...Olivier Aballain
Quatre individus sont toujours en garde à vue au commissariat de police de Lille ce jeudi midi suite aux violences commises dans un établissement gay de la ville mercredi vers 22h. Les suspects, âgés de 18 à 49 ans, ont été interpellés une dizaine de minutes après, dans la même rue que le bar qui venait d’être saccagé. Selon le patron de l’établissement, ils ont expliqué être venus «casser du pédé». La vitrine du bar a notamment été dégradée à l’aide des sièges installés en terrasse, et plusieurs personnes ont été frappées.
Quatre suspects sont en garde-à-vue
Les victimes de l’agression seront entendues dans l’après-midi. Le Parquet de Lille a ouvert une enquête pour des faits de «dégradation volontaire» et «violences volontaires en réunion, aggravées par l’orientation sexuelle des victimes». Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, a condamné «avec la plus grande fermeté l’agression homophobe», indiquant que l’une des victimes avait déjà «formellement identifié» les agresseurs. Selon le Parquet, les suspects «revendiquent leur appartenance à une mouvance extrémiste» et sont connus des services de police pour des faits mineurs, sans aucun rapport avec les faits de mercredi soir. La décision de juger ou non les auteurs présumés de l’agression en comparution immédiate sera prise demain vendredi. «Il y a énormément de témoins à entendre avant cela», indique le Parquet.
A l’antenne Nord-Pas-de-Calais de l’association SOS-Homophobie, on «fait évidemment le rapprochement» avec le débat en cours sur le mariage homo. «Mais il ne faut pas tomber dans la surenchère verbale. On pense d’abord aux victimes», indique Ludovic Saulnier, l’un de ses responsables. De son côté Sophie Delpierre, porte-parole de la Manif pour tous, qui organisait mercredi une opération escargot contre le mariage homo, est très claire: «Rien ne justifie la violence contre les biens et les personnes. Ce sont peut-être des gens qui profitent de la situation, car les Français sont divisés. Mais nous critiquons le projet de loi sur le fond, nous n’avons jamais prôné la violence». Martine Aubry, la maire de Lille, est plus directe: «Sur la question du mariage pour tous, le débat est légitime. Nous respectons ceux qui y sont opposés pour des raisons personnelles. Pour autant, au-delà du débat démocratique, rien ne peut justifier le recours à la violence attisée par les propos de certains dirigeants du mouvement d’opposition au texte au niveau national.»