Le Lorax, une fable écologiste enjouée en tête du box office américain
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Fable écologiste au ton enjoué et aux couleurs acidulées, le film d'animation en 3D des studios Universal Le Lorax raconte la quête d'un garçon pour replanter des arbres dans une société au décor factice, un film à la forme conventionnelle qui s'est classé en tête du box office américain. Film lumineux, aux couleurs chatoyantes, ce dernier long métrage de Chris Renaud (auteur avec le Français Pierre Coffin de Moi, Moche et Méchant) a été présenté en avant-première française au Festival d'animation d'Annecy.
Une «ville merveilleuse toute en toc et en plastique»
Cette adaptation d'un conte de 1070 du Dr Seuss, auteur américain de livres pour enfants qui fut également caricaturiste politique, s'avère un étrange mélange entre un dessin convenu et un message moins simpliste qu'il n'y paraît. Le Lorax raconte les aventures de Ted qui, pour conquérir le coeur de sa jeune voisine Audrey, s'échappe de la ville artificielle de Thneedville afin de lui rapporter un vrai arbre. Une «ville merveilleuse», «toute en toc et en plastique», chantent, ravis, les habitants au début du film, où les arbres sont remplacés par des lampadaires télécommandés qui changent de couleurs suivant les saisons et où l'air est vendu en bouteille.
Dans sa quête, le jeune garçon va découvrir l'arrière du décor, un monde triste et gris où ne subsiste qu'un vieil ermite aigri, le Gash Pilleur, qui va lui raconter la légende du Lorax. Défenseur d'une vallée où jadis poussaient des arbres au feuillage duveteux, le Lorax, étrange boule de poil orange, n'a pu que constater le déclin de la nature et l'exil de sa population. «Plus on polluera, plus on vendra», lance l'industriel cupide qui «vend de l'air pour devenir milliardaire», mais prend soin de reverser «une partie des profits aux sans-abris».
Ton ironique
Ce cynisme est entrecoupé de scènes plus formatées, portant l'empreinte des grandes productions américaines, ce que défend son réalisateur, qui s'est appuyé pour la réalisation sur les studios français d'Illumination Mac Guff. «Il fallait créer un film que les gens aient envie de voir, garder le message du livre tout en étant acceptable», explique lors d'une conférence de presse Chris Renaud. «Cela aurait été une erreur de faire un film sombre qui corresponde totalement au livre», poursuit le réalisateur, alors que le film a occupé pendant plusieurs semaines au début de l'année la tête du box office américain, engrangeant en sept semaines plus de 204,5 millions de dollars de recettes.
La fable entrecoupée de scènes chantées permet de «faire passer le message plus facilement», reconnaît le réalisateur, qui réfute l'idée d'un film anticapitaliste. «Le ton est ironique, on chante des faits qui ne devraient pas être fêtés», nuance-t-il en référence à la joie exprimée par les habitants de vivre dans un monde entouré de parkings, où «les arbres ne font pas de saleté» et les enfants ressemblent à des «néons» en sortant des piscines. «La principale difficulté a été de créer des personnages et une ambiance à partir d'un livre de seulement 43 pages», préfère évoquer le réalisateur. «Il fallait trouver les moyens d'avancer et de reculer dans le temps tout en faisant coïncider les différents mondes de manière cohérente», raconte Chris Renaud. Le film, doublé dans sa version française par l'acteur François Berléand et l'humoriste Kev Adams, doit sortir le 18 juillet.