Affaire Bettencourt: En prison depuis un mois, Patrice de Maistre redemande sa liberté

Affaire Bettencourt: En prison depuis un mois, Patrice de Maistre redemande sa liberté

© 2012 AFP

© 2012 AFP

Seul détenu de l'affaire Bettencourt, Patrice de Maistre, 63 ans, ancien gestionnaire de fortune de l'héritière de l'Oréal, demande à nouveau mardi sa mise en liberté à la Cour d'appel de Bordeaux, après un mois de prison et un premier rejet le 30 mars.

Mis en examen le 15 décembre notamment pour «abus de faiblesse» à l'encontre de la milliardaire, de Maistre a été incarcéré le 23 mars, après l'apparition de «faits nouveaux» et «charges nouvelles» justifiant désormais la prison aux yeux des juges d'instruction et du parquet.

Le 29 mars, lors de sa première demande, ses avocats avaient évoqué sa mauvaise santé -des résultats d'expertise sont attendus lundi- et surtout argué que les faits nouveaux ne l'étaient pas tant que ça, et figuraient déjà dans le dossier. De Maistre s'était décrit à l'audience comme le simple rouage d'un «système» de financement par comptes en Suisse utilisé de longue date par les Bettencourt, obligeant ensuite le gendre de Liliane Bettencourt, Jean-Pierre Meyers, à démentir être l'ayant droit d'un de ces comptes.

Sport, lecture et échecs

Depuis, à la maison d'arrêt de Gradignan près de Bordeaux où il reçoit des visites quasi-quotidiennes et a refusé le régime d'isolement, Patrice de Maistre prend son mal en patience, jouant aux échecs, faisant du sport, lisant beaucoup, selon son entourage.

Ses avocats s'agacent du fait que l'incarcération soit motivée entre autres par de supposés mensonges au sujet de rapatriements d'espèces de Mme Bettencourt depuis la Suisse, de 2007 à 2009, pour quatre millions d'euros. Selon eux, il n'a pu mentir car aucune question ne lui a été posée à ce sujet précis. Surtout, ils estiment que l'incarcération, en pleine période électorale, est destinée à faire pression sur lui pour qu'il explique de troublantes concomitances entre deux versements de 2007 et la précédente campagne électorale de Nicolas Sarkozy, dont de Maistre fréquentait le trésorier de campagne, l'ex-ministre Eric Woerth. Or il n'est pas mis en examen dans ce volet de possible financement illicite de parti politique, soulignent-ils.

Les juges s'intéressent aussi aux trois versements de 400.000 euros de fin 2009, qui auraient pu servir à l'achat par Patrice de Maistre, financé donc par Mme Bettencourt, d'un voilier d'1,2 million d'euros. Or, dès cette époque, la milliardaire est considérée comme en état de vulnérabilité psychique. Même si de Maistre dément en avoir eu la perception, on l'entend expliquer à la vieille dame, sur les enregistrements de son majordome, que l'argent venu de Suisse pour ce bateau devrait passer «de la main à la main» car ayant «signé quelque chose comme quoi il est son protecteur», il ne pouvait ouvertement accepter ce cadeau.

Confrontations demandées mais refusées

Il souligne aujourd'hui qu'il ne comptait pas obtenir de Mme Bettencourt plus d'un tiers du prix du voilier, et surtout qu'il a en définitive renoncé à l'achat. Son skipper, l'intermédiaire de la vente, et l'ex-propriétaire du «Far Bay» l'ont confirmé.

De Maistre demande à présent à être confronté à trois témoins, René Merkt, banquier suisse des Bettencourt, Vahé Gabrache, patron de Cofinor, société par laquelle arrivaient les fonds, et Pascal Bonnefoy, le majordome. Le 14 mars, celui-ci a déclaré aux juges que de Maistre lui avait recommandé un jour de 2008 de «prendre soin de son cartable», comme si celui-ci contenait une forte somme d'argent. Les juges ont pour l'instant refusé ces confrontations.