Egalité du temps de parole entre candidats: Moins de politique sur les radios et les télés

Egalité du temps de parole entre candidats: Moins de politique sur les radios et les télés

Moins d'émissions politiques et de débats à l'approche de la présidentielle: à partir de la semaine prochaine, télés et radios devront respecter une égalité de temps de parole entre les candidats, ce qui les conduira paradoxalement à moins couvrir la campagne.
Moins d'émissions politiques et de débats à l'approche de la présidentielle: à partir de la semaine prochaine, télés et radios devront respecter une égalité de temps de parole entre les candidats, ce qui les conduira paradoxalement à moins couvrir la campagne. - Lionel Bonaventure afp.com
© 2012 AFP

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Moins d'émissions politiques et de débats à l'approche de la présidentielle: à partir de la semaine prochaine, télés et radios devront respecter une égalité de temps de parole entre les candidats, ce qui les conduira paradoxalement à moins couvrir la campagne.

Actuellement, les médias audiovisuels sont soumis à l'équité du temps de parole, une notion basée sur la représentativité aux dernières élections, les enquêtes d'opinion et la «dynamique» de campagne. Mais après l'annonce de la liste des candidats par le Conseil constitutionnel et sa publication, soit à partir de mardi normalement, ils devront respecter une stricte égalité entre candidats.

Casse-tête audiovisuel

Deux périodes s'ouvriront, avec remise à zéro des compteurs entre les deux: jusqu'au 8 avril, radios et télés devront respecter l'égalité du temps de parole mais pourront décider dans quelle émission les candidats s'expriment. Puis l'égalité sera de mise également pour le temps d'antenne, avec obligation de programmes comparables pour tous les candidats. Une règle jugée très compliquée par les médias qui, s'ils vont continuer à suivre la campagne dans leurs journaux, vont programmer moins d'émissions politiques et se retrouver face à un casse-tête pour inviter tous les candidats.

Les deux émissions télé phares de la première partie de la campagne, «Des paroles et des actes» sur France 2 et «Parole de candidat» sur TF1, vont s'arrêter, les chaînes jugeant trop difficile d'y recevoir la dizaine de candidats attendus. «Avec la remise à zéro des compteurs le 9 avril, c'est doublement compliqué», souligne Catherine Nayl, directrice de l'information de TF1.

«Pratiquement pas de débats» à la télé

Du coup, la première chaîne n'invitera les candidats tour à tour que dans «Parole directe», un format court dans le prolongement du journal de 20H, du lundi au dimanche. Et ce seulement à partir du 9 avril, car TF1 juge trop difficile de faire deux salves d'invités. Pour France 2, «on va scruter exactement le nombre de candidats (...). Mais la programmation la plus probable, ce sera dans les 20 heures ou leur prolongement, et dans "Les 4 Vérités"» de Télématin, indique Thierry Thuillier, directeur de l'information de France Télévisions.

En revanche, il n'y aura «pratiquement pas de débats» en raison du nombre de candidats, sauf dans «Mots croisés» qui devrait se poursuivre, ajoute-t-il. «Cela veut dire qu'on va avoir un peu moins de politique que dans la période actuelle, ce qui est une incongruité totale. Les Français, qui rentrent dans le vif de la campagne, vont être privés d'échanges d'arguments».

L'exercice est tout aussi périlleux pour les radios: Europe 1 arrêtera son émission politique «Expliquez-vous» en partenariat avec iTélé, il n'y aura plus d'invités politiques français dans le Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, et France Inter déprogrammera «Radio France politique» en fin de période. «On fait moins de politique. Tout cela est totalement absurde», lance Arlette Chabot, directrice de l'information d'Europe 1, qui relève que «en même temps, on peut toujours faire ce que l'on veut sur internet».