Aéroport de Notre-Dame-des-Landes: les opposants manifestent à Paris
© 2011 AFP
Les opposants à la création d'un aéroport à Notre-Dame des Landes, près de Nantes, manifestent à Paris ce week-end avec six tracteurs et plusieurs dizaines de vélos pour combattre un projet qu'ils jugent «incompatible avec le Grenelle» et «dépassé». L'idée est de remplacer l'aéroport actuel, Nantes-Atlantique, à 10 km au sud-ouest de la ville, par un aéroport plus étendu, à quelque 25 km au nord. Elle date de plus de 40 ans: au départ le nouvel aéroport devait être largement consacré à feu le Concorde, et une association hostile au projet s'était mise en place en 1970.
Le projet est entré dans sa phase finale, avec l'enquête publique en 2006, la déclaration d'utilité publique en février 2008, et, en décembre dernier, l'attribution de la réalisation et de la concession de l'ouvrage pour 55 ans au groupe Vinci. On prévoit une ouverture de l'aéroport en 2017, avec un premier coup de pioche en 2014.
Point d’achoppement entre le PS et Europe Ecologie
S'il est soutenu par les collectivités locales socialistes, il est combattu par des agriculteurs et diverses associations, ainsi que par des élus locaux d'Europe Ecologie Les Verts (EE-LV), du Parti de gauche, du Nouveau parti anticapitaliste, des Alternatifs... Lors de la campagne pour la primaire du PS, deux des candidats, Ségolène Royal et Arnaud Montebourg, avaient demandé l'organisation d'un nouveau débat démocratique. Les «Orientations du projet Europe écologie Les Verts 2012» mentionnent l'«abandon des projets autoroutiers et aéroportuaires». En juillet, la secrétaire nationale Cécile Duflot et la candidate Eva Joly ont affirmé que l'abandon du projet Notre-Dame des Landes était une condition «incontournable» de l'accord avec le PS.
Depuis, cependant, on n'en entend plus beaucoup parler, et certains responsables du parti écologiste admettent que les négociations ne pourraient pas achopper sur ce sujet. Les opposants au projet demandent une abrogation de la déclaration d'utilité publique et un «nouveau débat public», ce qui pourrait fonder un accord avec le PS. «On ne lui demande pas d'abandonner en rase campagne son projet d'aéroport, le raisonnable serait de se remettre autour d'une table», indique Ronan Dantec, sénateur EE-LV.
Les «Tracto-vélo» à Paris
Ils viennent de rendre publique une étude coûts/bénéfices réalisée par un cabinet néerlandais spécialisé, qui met en évidence les coûts du projet et relève les erreurs et les biais de l'étude de ceux qui le défendent. Elle fait valoir aussi qu'un nouvel aéroport n'aura pas d'impact sur le développement économique de la région. Sans compter, selon Ronan Dantec, que ce projet défend un développement «lié à des infrastructures lourdes», «contradictoire avec toutes les politiques de lutte contre les gaz à effet de serre».
La manifestation «Tracto-Vélo», partie dimanche dernier de Notre-Dame-des-Landes, est attendue vendredi dans la région parisienne. Tous devaient se retrouver samedi à 10h30 à la Porte d'Orléans, ainsi que des manifestants venus en autocars, pour rejoindre le Sénat. Mais les tracteurs ont été priés de ne pas entrer dans la capitale, selon la Confédération paysanne, qui s'insurge contre des «méthodes d'un autre âge» qui veulent «étouffer la rumeur sociale qui gronde». «C'est l'outil de travail des paysans, on n'a pas à rougir de venir tels qu'on est pour interpeller la représentation nationale!», s'est indignée Geneviève Coiffard-Grosdoy, de l'association Acipa.
Les manifestants ont demandé à être reçus par la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet et par les présidents des groupes parlementaires, pour leur remettre la nouvelle étude. Certains opposants à l'aéroport ont participé cet été au premier «Forum contre les grands travaux inutiles», qui se tenait en Italie, et auquel participaient des représentants d'associations de plusieurs pays. Certains, venus d'Espagne, d'Allemagne, d'Italie voire des Etats-Unis, devraient se retrouver ce week-end à Paris.