Budget rectificatif de la Sécu: vers un vote serré
Manuel Valls cherchait mardi une majorité la moins étroite possible à l'Assemblée sur le budget rectificatif de la Sécu, traduisant le pacte de responsabilité, sur lequel les frondeurs socialistes et les écologistes vont majoritairement s'abstenir.© 2014 AFP
Manuel Valls cherchait mardi une majorité la moins étroite possible à l'Assemblée sur le budget rectificatif de la Sécu, traduisant le pacte de responsabilité, sur lequel les frondeurs socialistes et les écologistes vont majoritairement s'abstenir.
Le vote solennel mardi après-midi au Palais Bourbon en première lecture sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale rectificative (PLFSSR) pour 2014 intervient au second jour d'une conférence sociale sur l'emploi, marquée par la politique de la chaise vide de quatre syndicats.
Le projet de loi, qui pourrait ne rassembler qu'une faible majorité, contient les premiers allègements de cotisations patronales sur les bas salaires (pour 5,5 milliards d'euros en 2015) en vue de relancer les embauches et d'améliorer la compétitivité des entreprises.
S'il entérine une baisse de cotisations pour certains salariés début 2015 (2,5 mds d'euros), le texte prévoit aussi le gel des pensions de retraite supérieures à 1.200 euros.
Venu une nouvelle fois mardi matin devant les députés socialistes pour ses 100 jours à Matignon, Manuel Valls a jugé «inadmissible qu'on parle de cadeaux aux patrons», alors que les critiques fusent à gauche sur l'absence de contreparties chiffrées.
Voulant réorienter en partie les aides des entreprises aux ménages, les députés socialistes «frondeurs» ont décidé avant cette réunion de groupe de majoritairement s'abstenir sur ce PLFSSR, certains s'apprêtant néanmoins à voter contre.
«Il y avait une unanimité contre le texte» et ses orientations, a expliqué à l’AFP un des 41 députés PS à s'être déjà abstenus fin avril sur le programme de 50 milliards d'euros d'économies, mais passer d'un bloc à un vote négatif serait faire un pas en quelque sorte irréversible en dehors de la majorité.
- Valls a 'joué avec le feu' -
Par l'abstention, «nous assumons pleinement et collectivement le fait de ne pas accepter cette ligne de dérive de l'exécutif, qui épouse la thèse patronale de l'allègement du coût du travail, payé par les retraités», a expliqué à l'AFP Pouria Amirshahi, de l'aile gauche du PS.
Pascal Cherki, autre figure de l'aile gauche, est intervenu devant les députés PS pour dire notamment qu'il fallait davantage rechercher le compromis qu'utiliser des arguments d'autorité, en référence aux menaces de sanctions et au recours la semaine dernière lors des débats sur le texte à la réserve des votes.
A l'adresse de ces contestataires, qui ont voté mardi dernier pour le budget rectificatif de l'Etat prévoyant une réduction de l'impôt sur le revenu pour certains ménages modestes, le Premier ministre a lancé que «la responsabilité ne se découpe pas en tranches» et «soit on réforme, soit on se laisse aller».
Manuel Valls, qui selon un parlementaire a «joué avec le feu» avec ses annonces il y a quelques jours sur le compte pénibilité et le code du Travail, se trouve confronté à d'autres récalcitrants dans la majorité, les écologistes, qui ont décidé majoritairement de s'abstenir sur le PLFSSR, face notamment à un gel des pensions «inacceptable».
Quant aux radicaux de gauche, après des débats internes en raison de la tournure de la conférence sociale, ils ont décidé de voter pour ce texte, en souhaitant qu'il «incite les organisations patronales à des contreparties véritables», selon leur chef de file Roger-Gérard Schwartzenberg.
Sur fond de dialogue social en panne et de largesses accordées au patronat, la FSU a claqué mardi la porte de la conférence sociale organisée par François Hollande, après la CGT, FO et Solidaires.
Sans surprise, UMP et UDI vont voter contre un PLFSSR bienvenu pour ses allègements de cotisations mais flou sur son financement selon eux, de même que les députés du Front de gauche mais pour d'autres raisons: ceux-ci estiment que les «cadeaux» au patronat sont financés sur le dos des plus modestes.
Aux yeux de leur chef de file André Chassaigne, qui a eu des échanges avec les «frondeurs», il existe «un réel problème au sein du groupe socialiste», qui est «la concrétisation d'une forme de tension grandissante entre le Parti socialiste et le gouvernement».