Vente de navires Mistral: des marins russes à Saint-Nazaire
Quelque 400 marins russes sont arrivés lundi matin à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) pour se former à l'utilisation de deux navires de type Mistral, dont la vente par la France à la Russie suscite la controverse sur fond de crise ukrainienne.© 2014 AFP
Quelque 400 marins russes sont arrivés lundi matin à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) pour se former à l'utilisation de deux navires de type Mistral, dont la vente par la France à la Russie suscite la controverse sur fond de crise ukrainienne.
La livraison, prévue à l'automne, provoque des tensions entre Paris et ses alliés. Le président américain Barack Obama avait encore exprimé début juin son «inquiétude» sur la poursuite de tels contrats au moment où la Russie «a violé la loi internationale» en s'emparant de la Crimée.
Les 400 marins russes, qui représentent deux équipages de 200 hommes, doivent se former au maniement des Mistral jusqu'à l'automne. Ils seront logés à bord du navire militaire russe Smolny qui s'est amarré à quai derrière le Vladivostok, premier des deux BPC fabriqué par les chantiers navals STX pour le compte de DCNS.
Le Smolny, tiré par des remorqueurs français, est entré dans le port peu après 07h00, avant de traverser l'écluse donnant accès au bassin où l'attendait le Vladivostok. Les marins étaient visibles à travers les hublots de leurs cabines dans le navire portant la croix bleue, l'enseigne de la marine russe.
Peu après 08h30, le navire a accosté dans une zone interdite au public. Un officier en est descendu et a serré les mains de personnes présentes à quai, qui sont ensuite montées à bord.
Sur le pont supérieur, lors d'une courte cérémonie, les marins se sont rassemblés en uniforme et en rang. Vers 10h30, l'ensemble des marins est descendu à terre, dans l'enceinte sécurisée où des préfabriqués destinés à la toilette et la restauration ont été installés. Après un bref rassemblement devant le Smolny ils se sont dispersés tout en restant dans l'enceinte grillagée.
Interrogés en français et en anglais, plusieurs officiers qui s'approchaient de la sortie, surveillée par un vigile, ont refusé de s'exprimer et se sont éloignés.
En 2015, c'est le jumeau du Vladivostok, le Sébastopol, en cours d'assemblage, qui doit rejoindre à son tour les forces de la Marine russe. Le montant total du contrat, conclu en juin 2011, s'élève à 1,2 milliard d'euros.
Sauf durcissement de la situation en Ukraine, qui entraînerait un renforcement des sanctions internationales, Paris entend pour l'instant maintenir la vente des deux BPC.
- 500 emplois à Saint-Nazaire -
Dimanche, une cinquantaine de militants pro-ukrainiens ont manifesté à Saint-Nazaire pour dénoncer la vente à Moscou de ces navires de guerre.
«Nous exhortons le gouvernement français (...) à ne pas remettre de hautes technologies militaires entre les mains de l'agresseur le plus puissant d'Europe», a déclaré Nathalie Pasternak, présidente du Comité représentatif de la communauté des Ukrainiens de France, qui appelait à ce rassemblement.
Plus gros navires de guerre français après le porte-avions Charles de Gaulle, les BPC Mistral peuvent embarquer 16 hélicoptères, 13 chars, une centaine de véhicules et projeter 450 soldats sur un théâtre d'opération. Les deux bâtiments livrés à la Russie représentent 500 emplois pour les chantiers navals de Saint-Nazaire.
Début juin, le président russe Vladimir Poutine a mis la France en garde contre une annulation du contrat: «Si la France décide d'annuler ce contrat, elle peut le faire. Nous exigerons alors un dédommagement. Mais cela ne contribuera pas positivement au futur développement de nos relations dans le domaine de la coopération technique et militaire». La Russie, a-t-il ajouté, est même prête «à signer de nouvelles commandes», si les Français «souhaitent continuer la coopération».
Fin mai, trois élus du Congrès américain ont en revanche appelé la France à rompre le contrat pour, à la place, vendre ou louer les deux navires à l'Otan.