Les familles de deux victimes présumées du Dr Bonnemaison tentent de le disculper
Les familles de deux victimes présumées de l'ex urgentiste Nicolas Bonnemaison, poursuivi devant les assises des Pyrénées-Atlantiques pour sept empoisonnements, ont cherché vendredi à le disculper.© 2014 AFP
Les familles de deux victimes présumées de l'ex urgentiste Nicolas Bonnemaison, poursuivi devant les assises des Pyrénées-Atlantiques pour sept empoisonnements, ont cherché vendredi à le disculper.
L'une a affirmé qu'il avait euthanasié leur proche à leur demande et l'autre soutenant que la mort de leur parent était survenue de manière naturelle.
La fille et la deuxième épouse de Fernand Dhooge, mort en mars 2010 à l'âge de 66 ans après avoir lutté pendant plus de quinze ans contre cinq cancers, ont raconté les circonstances qui les avaient amené à demander au médecin d'abréger les souffrances de leur proche. Le patient était décédé le 30 mars 2010, au lendemain de son admission à l'hôpital de Bayonne.
Par visio-conférence, Isabelle Dhooge, 40 ans, a raconté les dernières heures de son père, hospitalisé dans le coma dans l'unité du Dr Bonnemaison. «Il était recroquevillé, dans un état végétatif», a-t-elle expliqué, indiquant qu'elle savait qu'il ne lui restait «plus beaucoup de temps à vivre».
La jeune femme informe alors l'urgentiste «de vive voix» du souhait de son père d'être «euthanasié» et de ne pas subir d'acharnement thérapeutique. Nicolas Bonnemaison a dit que «la décision avait été comprise», a-t-elle ajouté. Son père ayant reçu l'extrême-onction, elle donne alors son accord d'«un signe de tête» pour une injection, acte auquel elle n'assiste pas. Selon elle, il s'agissait d'une piqûre de morphine.
«On a eu le temps de lui dire au revoir», s'est félicitée la jeune femme. «Il ne l'a pas tué, il l'a aidé à partir dignement», a-t-elle ajouté, disant qu'«une vie ne suffirait pas pour remercier le Dr Bonnemaison». Patricia Dhooge, deuxième épouse de M. Dhooge, a elle aussi témoigné sa reconnaissance: «Merci! Grâce à vous cela a été moins difficile», a-t-elle lancé en pleurs, à l'adresse du médecin.
Ce dernier a indiqué avoir prescrit trois médicaments, dont de la morphine, mais a écarté toute utilisation d'autres substances, comme le curare.
Interrogée à plusieurs reprises par le président, une des infirmières à l'origine de la dénonciation de l'urgentiste, a pour sa part maintenu ses accusations sur le fait que le médecin s'était procuré du curare, tout en évoquant régulièrement ses «difficultés à se souvenir quatre ans après».
- Une mort naturelle -
Dans la matinée, la famille d'un autre patient a totalement disculpé Nicolas Bonnemaison, affirmant que leur parente était décédée de mort naturelle, sans aucune intervention possible de l'urgentiste.
Entendus comme témoins, la fille et le fils de Christiane Tymen, une patiente de 80 ans décédée le 26 juin 2011 dans le service du praticien, ont affirmé qu'il était impossible que l'urgentiste ait pu accélérer le décès de leur mère, atteinte d'une maladie neuro-dégénérative depuis plusieurs années.
«Je n'ai pas quitté ma mère un seul moment», a témoigné Viviane Cipière, qui a raconté la lente «descente aux enfers» de la malade, une ancienne enseignante atteinte d'une maladie du cerveau l'empêchant depuis quatre ans de marcher et de parler. Viviane Cipière a aussi exclu la possibilité que le médecin ait injecté du Norcuron, un médicament à base de curare. «Il n'est jamais resté seul avec ma mère», a-t-elle insisté.
Nicolas Bonnemaison a reconnu s'être procuré de l'Hypnovel, un puissant psychotrope, et du Norcuron, mais a indiqué ne pas avoir administré ces médicaments à l'octogénaire, le décès ayant été «rapide».
Interrogé par l'avocat général, Marc Mariée, sur l'utilisation de Norcuron, concernant les sept cas de patients du dossier, Nicolas Bonnemaison a affirmé n'avoir utilisé cette substance qu'«une seule fois», pour le cas d'une autre patiente, Marguerite Buille, décédée le 6 mai à 73 ans.
Nicolas Bonnemaison, 53 ans, est accusé d'avoir administré à sept patients en fin de vie des médicaments hors du protocole de soins et sans recourir à l'avis d'autres médecins. Aucune famille de victime n'a porté plainte. Seuls des proches de deux victimes se sont portés parties civiles.
Le procès est prévu jusqu'au 27 juin. La semaine prochaine, les anciens ministres Bernard Kouchner et Michèle Delaunay, ainsi que le député UMP Jean Leonetti, père de la loi relative aux droits des malades et à la fin de vie, doivent témoigner.