Le rapport Thévenoud veut mettre fin au conflit entre taxis et VTC

Le rapport Thévenoud veut mettre fin au conflit entre taxis et VTC

Permettre la géolocalisation des taxis, réduire le montant de la course d'approche et mieux encadrer les voitures de tourisme avec chauffeurs (VTC) : ce sont quelques-unes des propositions d'un rapport qui doit mettre fin au conflit qui les oppose.
© 2014 AFP

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Permettre la géolocalisation des taxis, réduire le montant de la course d'approche et mieux encadrer les voitures de tourisme avec chauffeurs (VTC) : ce sont quelques-unes des propositions d'un rapport qui doit mettre fin au conflit qui les oppose.


Le député Thomas Thévenoud, chargé mi-février de ce rapport, l'a présenté jeudi matin aux représentants des taxis et des VTC et à la presse, avant sa remise au Premier ministre prévue à 17H00.

Il met l'accent dans ses 30 mesures sur le besoin de moderniser les taxis, dont le fonctionnement ne répond pas toujours aux besoins des clients et de mieux encadrer l'activité des VTC, en plein essor depuis la libéralisation de cette profession en 2009. On en compte 3.000 à Paris.

La ligne directrice est de permettre aux deux de se développer, mais en conservant le privilège de la maraude, c'est-à-dire la prise de clients dans la rue sans réservation, aux taxis, a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse. «Il faut donner aux taxis les outils d'aujourd'hui» et par conséquent les obliger à se localiser pour que les clients puissent à l'avenir voir en temps réel les véhicules disponibles à proximité, via leurs téléphones portables.

Plus question en revanche pour les VTC de pouvoir pratiquer ce qu'il appelle la «maraude électronique». Il ne s'agit pas d'empêcher les VTC d'être géolocalisables, mais de ne pas les autoriser à mettre en relation le client avec la voiture disponible la plus proche.

Cette idée fait bondir Yan Hascoet, le PDG de l'entreprise de VTC Chauffeur privé. «Je trouve ça absurde de nous priver de cet outil technologique», a-t-il dit à l'AFP. Yanis Kiansky, président d'Allocab, parle de «mesure inefficace et arbitraire».

- couleur unique pour les taxis -

Exit en revanche l'idée d'un délai ou d'une course minimum pour les VTC, ardemment réclamée par les taxis. Pour Thomas Thévenoud une telle mesure entraînerait une «rupture d'égalité» et irait à l'encontre du principe de la «liberté des prix».

Pour améliorer la qualité de service des taxis, tous devraient accepter la carte bancaire. En cas de réservation, le montant de la course d'approche serait limité à 6,86 euros, c'est-à-dire le prix minimum d'une course, a détaillé le député. Il prône aussi la création d'une voie réservée sur l'A1 pour se rendre à l'aéroport de Roissy et de forfaits aéroports en région parisienne.

Les propositions contenues dans son rapport «peuvent passer la rampe du Conseil constitutionnel et aussi au niveau européen», estime-t-il. Une proposition de loi sera d'ailleurs prochainement déposée à l'Assemblée nationale.

D'ici là, Thomas Thévenoud se déclare favorable au maintien du moratoire décidé récemment sur l'immatriculation de nouveaux VTC. Mais Yan Hascoet avertit que «ce serait dramatique pour des centaines d'entrepreneurs qui ont investi dans des véhicules pour lancer leur activité».

Pour Yann Ricordel, directeur général des Taxis bleus, cette mesure est au contraire «la bonne décision» et devrait permettre d'éviter un nouveau mouvement de grève des taxis.

Le rapport recommande aussi de rendre ces derniers plus reconnaissables avec une couleur unique et de mieux protéger les conducteurs de taxis qui louent licence et voiture, soit 7.000 sur les 20.000 taxis parisiens. Le député propose de leur attribuer des licences gratuitement, mais qu'ils ne pourraient pas revendre comme c'est le cas normalement.

Les VTC de leur côté devraient être immatriculés au niveau des préfets de région «pour mieux contrôler notamment l'obligation d’assurance». Le rapport propose aussi «des contrôles renforcés et facilités, avec plus de +boers+ (policiers spécialisés) disposant de nouveaux moyens de contrôles et de sanctions plus facilement applicables». Il faudrait faire passer d'ici 1,5 an leur nombre de 76 à 100 en région parisienne.

Une bonne idée pour Yann Ricordel, mais «c'est la question des moyens qui se pose».

Pour Nixon, chauffeur de taxi, ces annonces sont «un leurre». «Dans le fond personne n'y trouve son compte», juge-t-il.

Concernant le service de covoiturage urbain lancé par la société américaine Uber, sa place «est devant les tribunaux», a estimé le député. «C'est du taxi clandestin» et il a appelé le gouvernement à agir rapidement.

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