Le 3e plan cancer mise sur le dépistage et la lutte contre le tabac
•Le 3e plan cancer (2014-2019), présenté mardi par François Hollande et doté de 1,5 milliard d'euros, mise sur le dépistage, en particulier du cancer du col de l'utérus, et la prévention, en s'attaquant d'abord au tabac.© 2014 AFP
Le 3e plan cancer (2014-2019), présenté mardi par François Hollande et doté de 1,5 milliard d'euros, mise sur le dépistage, en particulier du cancer du col de l'utérus, et la prévention, en s'attaquant d'abord au tabac.
Mais comme prévu, le président a d'emblée insisté sur la lutte contre les inégalités tant sociales que géographiques face à cette maladie qui reste la première cause de mortalité en France avec près de 150.000 décès par an.
«Ce 3e plan (...) s'est fixé comme ambition de donner les mêmes chances à tous partout en France pour guérir du cancer», a souligné le chef de l'Etat devant un parterre de spécialistes réunis pour les Rencontres de l'Institut national du cancer (Inca) à la Mutualité à Paris.
Même s'il est désormais possible de guérir «plus d'un malade sur deux», les inégalités «s'aggravent», a-t-il souligné.
Les inégalités concernent aussi bien le dépistage, l'accès aux traitements, la vie pendant et après le cancer et l’exposition aux risques, en premier lieu le tabac, l'une des cibles principales du plan qui a été bien accueilli par les principales organisations impliquée, dont la Ligue contre le cancer.
Pour combattre le tabac, à lui seul responsable de 30% des décès par cancer (44.000 morts par an), le président a demandé à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, de présenter «avant l'été un programme national de réduction du tabagisme».
Il a indiqué que les hausses du prix du tabac se poursuivraient, mais que désormais «les recettes supplémentaires abonderont un fonds dédié à la recherche, à la prévention et à la prise en charge du cancer».
Créer un «droit à l'oubli»
Le président a également annoncé une grande campagne contre le tabac, aux heures de grande écoute et avec des «images si dures soient-elles» sur la maladie.
Le forfait de 150 euros pour aider les jeunes fumeurs à sortir de la cigarette avec l'achat de substituts nicotiniques sera étendu en 2015 aux 25-30 ans, à tous les malades du cancer et aux plus démunis (bénéficiant de la CMU).
Les infirmières scolaires et les médecins du travail seront habilités à proposer des substituts nicotiniques.
«C'est un vrai virage dans la politique de lutte contre le tabagisme», a commenté Agnés Buzyn, la présidente de l'Inca.
Le président de l'Office français de Prévention du tabagisme (OFT), le Pr Bertrand Dautzenberg, qui avait émis des craintes ces derniers jours, s'est félicité de «l'engagement clair» du plan à faire baisser le nombre des fumeurs - plus de 30% des 15-75 ans actuellement - à 22% d'ici à la fin du plan, voire à 20% dans les 10 ans, ce qui devrait permettre de sauver 15.000 vies chaque année.
Autre point fort du plan, le dépistage. Hollande appelle à un «changement de dimension», notant que moins des 2/3 des femmes sont dépistées pour le cancer du sein et moins de 1/3 pour le cancer colo-rectal.
«Toutes les personnes qui se feront dépister seront prises en charge sans avance de frais», a-t-il dit.
M. Hollande a annoncé l'instauration «d'un dépistage systématique» chez les femmes pour le cancer du col de l'utérus qui touche chaque année 3.000 d'entre elles et fait plus de 1.000 morts. Objectif: réduire cette mortalité de 30% en dix ans.
Concernant ce même cancer, il s'agit de «doubler» d'ici à cinq ans le recours aux vaccins préventifs anti-HPV, recommandés mais non obligatoires, chez les jeunes filles.
Autre objectif, réduire le temps d'attente avant de passer un examen d'imagerie IRM, de 27 jours en moyenne aujourd'hui à 20 jours «où que l'on réside» avec un investissement de 15 millions d'euros pour les régions sous-équipées.
Autre ambition, améliorer la vie des malades pendant et après le cancer. «La majorité des malades sont guéris mais deviennent suspects, le jour où le souvenir de leur cancer les rattrape et leur barre l’accès à un crédit», a relevé le président.
Pour faciliter l'accès aux prêts, crédits et assurances, M. Hollande veut créer un «droit à l'oubli» pour ceux qui ont guéri d'un cancer dans l'enfance ou l'adolescence, ainsi que pour tous ceux que la science déclare comme définitivement guéris.
Pour en savoir plus: plan, chiffres, synthèse (http://bit.ly/1frwTLV)
Le site de l'Institut national du cancer