Insee: «reprise poussive» début 2014 en France, sans baisse du chômage
L'Insee attend une "reprise poussive" de l'économie française au début de l'année prochaine, qui devrait être marquée par une "quasi-stabilité" du chômage au premier semestre et une hausse "modérée" des investissements des entreprises.© 2013 AFP
L'Insee attend une «reprise poussive» de l'économie française au début de l'année prochaine, qui devrait être marquée par une «quasi-stabilité» du chômage au premier semestre et une hausse «modérée» des investissements des entreprises.
«La croissance sera vigoureuse en France au quatrième trimestre mais la reprise sera vraisemblablement poussive», a déclaré Cédric Audenis, chef du département de conjoncture, en présentant à la presse jeudi les dernières projections de l'Institut national de la statistique et des études économiques.
Il a noté un climat des affaires qui stagne depuis deux mois et «toujours pas de trace de reprise dans la construction».
L'Insee a confirmé ses prévisions de hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,4% au quatrième trimestre 2013 et de 0,2% sur l'ensemble de l'année. Pour le quatrième trimestre, la Banque de France prévoit +0,5% et Markit, qui publie l'indice composite mensuel PMI, -0,1%.
«Ces estimations sont extrêmement corrélées et renvoient les mêmes signaux. La Banque de France est plutôt optimiste et Markit plutôt pessimiste», a commenté Laurent Clavel, chef de la division synthèse conjoncturelle. Au vu des récentes statistiques, «nous sommes assez confiants» sur le fait que l'Insee «a raison».
Le quatrième trimestre devrait surtout profiter de l'investissement des entreprises dans les services ainsi que des exportations en produits manufacturiers. Les ménages devraient anticiper certaines dépenses avant la hausse de la TVA et le durcissement du bonus-malus automobile au 1er janvier, et avec le déblocage de l'épargne salariale.
En ce qui concerne l'année prochaine, l'Insee prévoit une hausse du PIB de 0,2% au premier ainsi qu'au deuxième trimestre, portant l'acquis de croissance à +0,7% à fin juin 2014.
L'Institut n'a pas avancé de prévision pour 2014 mais indiqué que si le PIB grignotait +0,2% chaque trimestre, «on arriverait à +0,9% en moyenne annuelle pour 2014». C'est l'hypothèse retenue par le gouvernement dans son budget.
Une «vraie reprise, ce n'est pas +0,2%», a commenté M. Clavel.
«C'est une croissance qui est encore en-deçà de son potentiel, nous travaillons à la stimuler, nous visons des rythmes plus élevés qui permettront l'inversion durable de la courbe du chômage», a-t-on commenté à Bercy, soulignant que «les aléas autour du scénario de l'Insee sont assez importants, y compris les aléas favorables».
«très légère hausse du chômage» d'ici fin juin 2014
En ce qui concerne l'emploi, l'Institut anticipe une «très légère hausse du chômage» d'ici fin juin 2014 à 11%, contre 10,9% à fin septembre 2013.
«Cette hausse est juste une question d'arrondi», a relativisé M. Clavel. «Il n'y a pas de signal que le chômage redémarre au deuxième trimestre. On arrive à une quasi-stabilité à fin juin», a-t-il indiqué.
«Le marché du travail n'a aucune impulsion», a-t-il relevé.
Ainsi, l'Insee s'attend à 76.000 créations nettes d'emploi sur les trois prochains trimestres, «pas assez» pour compenser la hausse de la population active (+113.000 personnes).
Le gouvernement estime que l'inversion de la courbe du chômage promise par François Hollande avant la fin de l'année est «amorcée».
«Nous y sommes quasiment», a assuré jeudi soir le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Du côté des entreprises (hors construction), les investissements devraient croître «faiblement» au premier semestre 2014. Ils ne seront «ni moteurs, ni freineurs, juste suiveurs», a précisé M. Audenis, et devraient évoluer sur un «rythme voisin de celui du PIB».
Ces investissements restent à un niveau «nettement inférieur» au pic de 2007 «ce qui est cohérent avec la conjoncture» mais ils évoluent sur une tendance haussière, «en particulier dans l'industrie où ils sont plus élevés qu'en 2007».
«La France est le pays d'Europe où ils ont le moins baissé» pendant la crise, a-t-il fait remarquer.
Selon lui, le taux de marge est à son point le plus bas depuis 1985 à 28,1% attendu fin 2013 «mais cela ne veut pas dire que les investissements ne sont pas rentables pour les entreprises».
En effet, les taux d'intérêt sont historiquement bas depuis plusieurs années ce qui permet d'emprunter dans des conditions financières favorables.
Le taux de marge devrait rester stable à 28,1% en 2014, mais légèrement progresser à 29,2% si on y intègre l'impact comptable du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) à partir du 1er janvier.
Le CICE devrait également avoir un effet positif sur le taux d'inflation (-0,2 point) mais ce devrait être effacé par la hausse simultanée de la TVA (+0,5 point si la hausse est intégralement et immédiatement répercutée).
L'inflation est attendue à +0,8% en décembre (+0,7% en novembre) et à +1,1% mi-2014 (+2,0% en 2012 et +0,9% prévu en 2013).
Le pouvoir d'achat des Français devrait, lui, augmenter de 0,5% sur l'ensemble de l'année 2013, ainsi que sur le premier semestre 2014. En 2012, il avait reculé de 0,9%.