Commission Cahuzac: la gauche fait bloc autour de Hollande
La gauche faisait bloc jeudi autour de François Hollande, directement ...© 2013 AFP
La gauche faisait bloc jeudi autour de François Hollande, directement ciblé par le député UDI Charles de Courson, président de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac, qui maintient que le chef de l’État était «le mieux informé» des charges pesant sur son ministre du Budget.
Le niveau de connaissance en décembre dernier du président de la République sur le compte bancaire caché du ministre incriminé cristallise désormais le débat gauche/droite. Et plusieurs ténors de la majorité ont dû monter au créneau pour réduire la pression sur l’Élysée et répondre à l'élu centriste, qui a multiplié les déclarations ces derniers jours dans les médias.
Bruno Le Roux, chef de file des députés PS, a accusé Charles de Courson de «dire des choses très graves». De deux choses l'une, a-t-il martelé, «soit il a une preuve qui n'est pas connue de la commission et il la donne, soit il a vu la même chose que moi et il n'a aucune preuve».
Pour le député socialiste de Seine-Saint-Denis, «la droite qui est habituée aux intimidations, (...) aux dissimulations, n'a rien trouvé dans ce dossier et, à la fin, en est à la mise en cause du président de la République et du Premier ministre».
Même tonalité chez son homologue au Sénat, François Rebsamen, pour qui Charles de Courson «cherche à se faire un nom» en s'en prenant au plus haut sommet de l’État. Or, a relevé le sénateur-maire de Dijon, «quand on avance des choses, il faut avoir des preuves, il n'y a aucune preuve». «On le voit, l'UMP utilise cela», a-t-il observé, notant qu'«il y aura une nouvelle audition de Jérôme Cahuzac» la semaine prochaine, sans doute mardi, après celle du 26 juin.
L'entourage de François Hollande s'est employé de son côté à minimiser la portée des attaques de Charles de Courson. «C'est une histoire montée par la droite en pleine torpeur estivale. Il y avait une rumeur, des informations de presse non vérifiées encore», a-t-on souligné, «il fallait bien que le président demande à l'intéressé. Jérôme Cahuzac a toujours dit +il n'y a rien+ jusqu'à ce qu'il jette l'éponge», contraint à la démission le 19 mars.
Moscovici va répondre à Courson
«François Hollande a toujours dit comment les événements s'étaient passés» et «n'a jamais varié», a renchéri Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement.
François de Rugy, coprésident du groupe EELV à l'Assemblée nationale, est pour sa part revenu sur la réunion du 16 janvier à l’Élysée, à laquelle assistait l'ex-ministre du Budget, estimant «normal» que les plus hauts responsables «se réunissent, y compris (pour) demander des comptes à Jérôme Cahuzac».
La tenue de cette réunion, au cours de laquelle le ministre de l’Économie Pierre Moscovici avait informé François Hollande et Jean-Marc Ayrault de la possibilité d'utiliser la procédure d'entraide judiciaire avec la Suisse, a fait douter les députés de l'opposition de la réalité de la «muraille de Chine» qui aurait été érigée à Bercy dès le 10 décembre autour de l'ancien ministre.
Mis en cause en tant que ministre de tutelle de Jérôme Cahuzac, Pierre Moscovici a fait savoir à l'AFP qu'il écrirait «très rapidement» une lettre ouverte au président de la commission d'enquête «au sujet des déclarations successives de ce dernier dans les médias».
Dans un entretien au Figaro de jeudi, Charles de Courson accuse le ministre de l’Économie d'«incompétence», s'agissant notamment de la saisine des autorités suisses, et réaffirme qu'à ses yeux, «celui qui a été le mieux informé, en réalité, c'est François Hollande», puisqu'il a été «averti le 18 décembre par Edwy Plenel (directeur du site Mediapart, ndlr), l'un de ses vieux amis», ainsi que par son ex-directeur adjoint de cabinet, Alain Zabulon, «après son incroyable contact avec Michel Gonelle (ex-maire RPR de Villeneuve-sur-Lot) le 15 décembre».
«Et il semble, d'après Edwy Plenel, que Jean-Pierre Mignard, l'avocat de Mediapart, aurait informé le président de la République autour du 4 décembre» (date des révélations du site d'information), rappelle encore Charles de Courson.
Face à ces faits, que le député UDI de la Marne considère comme des éléments de «preuve», le rapporteur PS de la commission d'enquête, Alain Claeys, soutient dans Le Monde que François Hollande n'a eu connaissance d'aucune «preuve» avant le 19 mars, date de l'ouverture de l'information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale. Jérôme Cahuzac a été mis en examen deux semaines plus tard.