Un rappeur tunisien condamné à deux ans de prison ferme

Un rappeur tunisien condamné à deux ans de prison ferme

20 Minutes avec AFP

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Le rappeur tunisien Weld El 15 a été condamné ce jeudi à deux ans de prison ferme pour avoir insulté la police dans une chanson, selon une journaliste de l'AFP. Le verdict a été annoncé par le juge du tribunal de Ben Arous (banlieue de Tunis) devant lequel Ala Yaâcoub, dit Weld El 15, comparaissait libre. Il a été aussitôt emmené en prison.

Des protestations et heurts avec la police ont éclaté dès l'annonce du verdict. Des cris se sont élevés dans la salle d'audience parmi les partisans du chanteur et la police est intervenue brutalement pour évacuer ces artistes, amis et proches du rappeur de 25 ans. Certains ont été pourchassés à l'extérieur du tribunal par les policiers présents en nombre dès l'ouverture du procès. Plusieurs personnes ont été violemment frappées par les policiers, y compris un journaliste du portail d'information Nawaat, Emine M'tiraoui, qui a été projeté au sol et frappé par des policiers, a constaté l'AFP.

Durant ces heurts, un gaz irritant s'est répandu aux alentours, mais la police et les partisans de Weld El 15 s'accusaient mutuellement d'en être à l'origine. Au moins trois personnes ont été interpellées. «Le jugement rendu est très sévère pour un artiste qui a décidé de se livrer de son propre gré à la justice», a réagi l'avocat principal de la défense Me Ghazi Mrabet. «C'est d'autant plus injuste qu'il n'existe aucun texte pour réprimer un travail artistique», a-t-il ajouté.

Double vitesse

Le musicien avait été condamné par contumace en mars à deux ans de prison ferme après la diffusion sur Youtube d'un clip intitulé «Boulicia Kleb» (Les policiers sont des chiens). Il s'attendait à une peine plus clémente, étant donné qu'il s'est rendu à la justice. Selon son avocat, le rappeur avait été inculpé d'une demi-douzaines de délits dont de «complot pour commettre des violences contre des fonctionnaires» et «d'outrage à la police».

Dans l'opposition tunisienne, des voix se sont élevées contre la sévérité de ce jugement alors qu'à l'inverse 20 assaillants islamistes de l'ambassade des Etats-Unis en septembre 2012 n'ont écopé que de peines avec sursis en mai dernier. «Weld 15 a eu deux ans ferme et du sursis pour l'attaque de l'ambassade des États-Unis, j'ai mal pour notre jeunesse dans un moment aussi critique», a réagi sur Twitter la député Karima Souid.

L'opposition laïque tunisienne accuse régulièrement le gouvernement dirigée par les islamistes d'Ennahda d'instrumentaliser la justice pour limiter la liberté d'expression et orchestrer une islamisation rampante de la société. Plusieurs affaires de liberté d'expression ont fait scandale en Tunisie depuis leur arrivée au pouvoir quelques mois après la révolution de janvier 2011.