Le mouvement anti-establishment de l'humoriste Beppe Grillo semble gagner du terrain aux dépens de Silvio Berlusconi à la suite de la série d'affaires qui ont touché les grandes formations politiques, à quelques jours des élections législatives en Italie. La publication de sondages est interdite durant les deux dernières semaines de campagne, mais plusieurs politologues ayant pu consulter des enquêtes privées confient que le mouvement de Beppe Grillo est le seul à tirer son épingle du jeu durant cette période de «black-out».

Le «Mouvement 5 étoiles» se situait à 16% dans les derniers sondages, avant l'entrée en vigueur de l'interdiction, en prévision du scrutin de dimanche et lundi prochains. La coalition de centre gauche dirigée par Pier Luigi Bersani était en tête avec près de 35%, devant le bloc de droite de Silvio Berlusconi, à 30% environ. L'écart entre les deux principaux blocs, centre droit berlusconien et centre gauche, demeure globalement stable depuis le début du black-out des sondages, et le bloc centriste du président du Conseil sortant, Mario Monti, vient toujours en quatrième position mais cède du terrain.

Le mouvement de Beppe Grillo a exclu de constituer une alliance avec l'un ou l'autre des grands partis, mais il pourrait jouer un rôle décisif au Parlement en déterminant si le nouveau gouvernement y dispose d'une majorité forte ou non. Les scandales touchant la banque Monte dei Paschi, la société Finmeccanica ou encore le groupe d'hydrocarbures Eni ont montré les liens étroits unissant les hautes sphères de la politique au monde des affaires.

Les gains enregistrés par le Mouvement 5 étoiles pourraient favoriser la formation d'un gouvernement stable s'ils jouent aux dépens de Silvio Berlusconi et donnent une victoire nette au centre gauche. Mais ils pourraient aussi brouiller la lisibilité des résultats au Sénat, où, en vertu de la législation électorale, il est plus difficile d'obtenir une majorité claire et nette qu'à la chambre basse.