PROCÈSAu procès d'Abdelkader Merah, le témoignage de sa mère provoque un tollé

Au procès d'Abdelkader Merah, le témoignage de sa mère provoque un tollé d’une rare violence

PROCÈSZoulikha Aziri, mère des frères Merah, a été entendue pendant près de trois heures par la cour d’assises spécialement composée de Paris, chargée de juger son fils Abdelkader…
Hélène Sergent

Hélène Sergent

L'essentiel

  • Abdelkader Merah est poursuivi pour « complicité d’assassinats » devant la cour d’assises spécialement composée de Paris.
  • Son frère cadet, Mohamed Merah, a tué 7 personnes à Toulouse et Montauban en mars 2012.
  • Abdelkader Merah encourt la peine de prison à perpétuité.

Le procès venait de s’ouvrir, la toute première audience débutait. Zoulikha Aziri, mère d’Abdelkader Merah accusé de « complicité d’assassinats », est appelée à la barre pour obtenir sa convocation. Ce 2 octobre déjà, un simple baiser envoyé à son fils assis dans le box avait provoqué la colère et l’indignation des familles des victimes. Puis pendant deux semaines, les audiences se sont déroulées sans heurt majeur. Jusqu’à ce jour. Très attendue, l’audition de la mère des frères Merah a provoqué un tollé d’une rare violence.

« Ils se trompent peut-être »

Tout aura été laborieux. Accompagnée d’une interprète, Zoulikha Aziri, 60 ans, a nié les faits reprochés à son fils accusé, ses déclarations passées aux enquêteurs, les expertises des ingénieurs et les témoignages de ses enfants. « Abdelkader était-il violent ? » interroge le président. « Non il a pas posé de problème », affirme sa mère contredisant ainsi les multiples rapports réalisés par les services de l’aide sociale à l’enfance au milieu des années 90. « A-t-il subi l’influence salafiste de sa sœur Souad ? » poursuit le président. « Non, c’est moi qui lui ai appris à faire la prière », assure Zoulikha Aziri. Le magistrat insiste, lit les procès-verbaux d’audition, la mère des frères Merah l’interrompt, dément.

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L’échange est confus, la chronologie des faits piétinée. Frank Zientara, le président de la cour d’assises aborde l’un des principaux points d’ombre de la procédure après deux heures d’interrogatoire dans une salle comble. Les expertises réalisées par les enquêteurs ont révélé que le 4 mars 2012, une connexion a été établie tard dans la soirée via la Freebox de Zoulikha Aziri. C’est à ce moment qu'a été consultée l’annonce postée sur le Boncoin par le militaire assassiné, Imad Ibn Ziaten permettant à Mohamed Merah de le cibler. Or les policiers n’ont jamais pu établir qui d’Abdelkader Merah ou Mohamed Merah s’était connecté à cette annonce.

- « Selon les policiers, c’était nécessairement quelqu’un qui était dans votre appartement. Qui était derrière votre Freebox ? », demande le président

- « Y’avait personne, j’étais seule, y’avait personne ! (…) Peut-être ils se trompent les techniciens », soutient-elle.

« La mère d’un accusé et la mère d’un mort »

C’est ce point précis qui va déclencher l’esclandre finale. Mehana Mouhou, l’avocat de la famille Ibn Ziaten somme Zoulikha Aziri de dire qui de ses fils s’est connecté depuis chez elle : « Madame, cette famille veut connaitre la vérité ». Les débats tournent en rond, Me Mouhou hausse le ton, Abdelkader Merah fait signe à sa mère de se calmer.

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L’avocat de la défense, Eric Dupond-Moretti intervient : « Vous trouvez que c’est digne ? Elle n’est pas allée à l’école de toute sa vie ! ». Mouhou sort de ses gonds : « Ils ont le droit de savoir ! Les familles attendent depuis 5 ans ! 5 ans ! ». Puis vient la phrase de trop, celle qui blesse : « C’est la mère d’un accusé, certes, mais c’est auss la mère d’un mort », lâche Dupond-Moretti. Les parties civiles hurlent, le frère d’Imad Ibn Ziaten, présent chaque jour à l’audience, se lève de son banc, sa voix se brise : « Taisez-vous ! » et s’effondre en larmes. Le président tente d’apaiser les débats, en vain, la tension a tout englouti.

Reste cette femme au milieu de la cour, foulard ocre sur la tête aux côtés de l’avocat d’Abdelkader : « On ne peut pas demander à une mère de venir témoigner contre son fils, c’est d’ailleurs pour ça qu’on ne fait pas prêter serment. C’est la formule de Camus : entre la justice et son fils, elle a choisi son fils. »