Surprise, l’extrême-droite est bien plus présente que l’Etat islamique sur Twitter
STATISTIQUES•Une étude américaine souligne aussi l’audience plus importante des nazis et suprémacistes blancs par rapport à Daesh sur le réseau social…O. P.-V.
La stratégie de recrutement et de propagande de l’Etat islamique par les réseaux sociaux est un fait connu, rappelé récemment par (Facebook, Twitter, etc.) dans leur lutte contre les comptes djihadistes.
de l’université George Washington, dans la capitale américaine, publiée début septembre et repérée , relativise l’audience de Daesh sur Twitter, en la comparant à celle des suprémacistes blancs (type Ku Klux Klan aux USA) et des néonazis. Le résultat est étonnant : en 2016, les comptes relayant des idées néonazies ont en moyenne 22 fois plus d’abonnés que ceux des sympathisants de l’EI. Et ils sont plus actifs également, avec deux fois plus de tweets (12,1 %) par jour que les partisans de Daesh (qui envoient 5,7 tweets chacun par jour).
Ci-dessous l’un des tableaux statistiques de J. M. Berger pour mesurer cette différence d’audience, avec en bleu les nazis, en rouge les suprémacistes blancs et en jaune les djihadistes, et la moyenne des abonnements (colonne de gauche) et des abonnés (colonne de droite).
Daesh au plus haut en 2014, l’extrême-droite en 2016
Mais l’extrême-droite n’a pas toujours gazouillé plus que les adeptes de Daesh. L’étude souligne le recul de l’EI sur Twitter, où il est moins présent depuis 2014. En moyenne cette année-là, les comptes djihadistes postaient 15,6 tweets par jour, trois fois plus que maintenant. En revanche, entre 2012 et 2016, les comptes de mouvements nationalistes blancs américains ont vu leur nombre de followers grimper de 600 %. Le profil Twitter de a connu la plus forte progression, de 400 % (oui il est légal, à Washington).
Ces dynamiques opposées s’expliqueraient selon l’étude par la politique de Twitter : « Compte tenu de l’impact démesuré de l’EI, du nombre d’adhérents qu’il prétend avoir, et de son approche organisée des réseaux sociaux, cette disparité est presque certainement due à une campagne agressive de suspensions de comptes ciblant les utilisateurs de l’EI sur Twitter, menée au moins en grande partie grâce aux signalements d’utilisateurs. En revanche, les nationalistes blancs et les néonazis opèrent dans une impunité relative. »
La France qui utilise Twitter n’est pas très néonazie
Pour illustrer cela, l’auteur de l’étude avance que parmi les comptes observés durant ses quatre années de recherches, 1.100 comptes djihadistes ont été suspendus, alors que seulement trois comptes de nationalistes blancs et quatre de néonazis ont subi le même sort.
Enfin, le travail de J. M. Berger a mis en évidence que parmi les comptes de suprématistes blancs, 43 % venaient des Etats-Unis, 9 % du Royaume-Uni, et 5 % du Canada. Les autres pays ne dépassent pas les 3 %. Sa carte réalisée sur Google Maps de la localisation des comptes néonazis en Europe de l’Ouest est d’ailleurs plutôt rassurante pour la France.