Frédéric Lefebvre, un pavé dans le Web
INTERNET•Le député et porte-parole de l'UMP ne fait pas que rire la blogosphère...AA
Son nom circule pour remplacer Eric Besson au poste de secrétaire d’Etat au numérique. Frédéric Lefebvre, député UMP des Hauts-de-Seine, assure qu'on ne le lui a pour l'instant pas proposé. Mais sur le Net, les blogueurs commentent déjà largement son éventuelle nomination. Surtout depuis que, lundi, Lefebvre a échoué à donner une définition du Web 2.0 lors d’une interview sur BFM TV.
La bourde
Le web 2.0, «c’est tout simplement… l’Internet d’aujourd’hui, patine Lefebvre. Ce sur quoi surfent tous les Français, moi comme les autres.» «C’est-à-dire?», insiste le journaliste Jean-Jacques Bourdin. «L’Internet d’aujourd’hui», répète Lefebvre.
Aussitôt, la blogosphère, se repassant à l’envi la vidéo de la séquence, fustige le raté. «Frédéric Lefebvre semble être un grand spécialiste du Web! Je vous laisse admirer ce grand moment de euuuh…», dégaine, le premier, Korben. «"Qu’est ce que le Web 2.0?" La réponse est édifiante, autant dire que Frédéric Lefebvre n’en a pas la moindre idée», surenchérit le blog Readwriteweb. Un comble s’il devait devenir le secrétaire d’Etat de l’économie numérique.
>> Pour savoir ce qu'est le Web 2.0, c'est par ici >>
Pourtant, Frédéric Lefebvre, figure du Parlement - le seul à porter les cheveux un peu longs, n'est pas le genre à manquer de mots, habitué à donner de la voix sur tous les sujets. Du RSA à la télévision publique en passant par la réforme territoriale. Certes, c’est ce que son job de porte-parole de l’UMP lui impose, mais qu’il honore avec une facilité désarmante. Dur à cuir qui l’assume, son autoritarisme est devenu légendaire. «Je n’ai rien à perdre, a-t-il confié en 2008 au "Monde". Parce que j’arrêterai tout à 50 ans». Il a 45 ans.
Des propositions qui déplaisent
Même si Lefebvre a déjà blogué (sur un blog hébergé par 20minutes.fr) au printemps 2008, cela fait peu de temps qu’il s’intéresse au Net. Mais pour les acteurs de la toile française, le problème semble plus profond.
Ils n’oublient pas que Frédéric Lefebvre s’est déjà illustré lors de l'une de ses interventions à l’Assemblée nationale, en décembre 2008. Il plaidait alors pour que le CSA contrôle, en plus de la radio et la télé, le Web. «L’absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes!, a-t-il alors déclamé. Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent? […] Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs œuvres? Il est temps, mes chers collègues, que se réunisse un G20 du Net qui décide de réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde.» Une position incompréhensible pour Pierre Kosciusko-Morizet, président et co-fondateur de Price Minister: «On pense que c’est un fou qui a prononcé ces mots.»
Mêmes réactions auprès des connaisseurs interrogés: «L'idée du contrôle du Web par le CSA est une proposition complètement rétrograde qui pousserait les entreprises du Net français à se délocaliser, commente cet observateur qui a voulu garder l'anonymat. Cela prouve sa méconnaissance totale du Net. La régulation du Net n'a aucune raison d'être nationale.»
Parmi les autres dossiers brûlants, Lefebvre a aussi proposé de taxer les sites de vidéo comme Dailymotion et de censurer certaines sites, pour protéger les mineurs, en en faisant la demande auprès des FAI.
Un Twitter à son nom
Sur Twitter, on se gausse aussi. Mais surprise, ce mercredi matin, on découvre que quelqu’un poste sous le nom fred_lefebvre une réponse à la polémique: «Pas de honte à chercher mes mots sur le 2.0; de toute façon, on est déjà passé au Web 8.0 cette année… «Un faux compte Twitter. Interrogé par 20minutes.fr, les conseillers Internet de l’UMP répondent qu’ils ne savent pas qui tient les rênes de ce Twitter. Mais qu'une chose est sûre, «ce n'est pas Frédéric Lefebvre qui twitte.»
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