MEMEQu’est ce qui fait le succès d’un mème sur Internet?

Qu’est ce qui fait le succès d’un mème sur Internet ?

MEMEDes chercheurs ont récemment établi que les principaux sites communautaires du Web possédaient leurs mèmes fétiches. « 20 Minutes » a contacté l’équipe de KnowYourMeme pour savoir pourquoi des mèmes devenaient des références…
Marie De Fournas

Marie De Fournas

L'essentiel

  • Un mème est dans la majorité des cas une image, photo ou GIF repris et décliné en masse et avec humour sur Internet.
  • La plupart naissent sur des sites communautaires avant de se propager sur le reste de la toile.
  • Brad Kim, rédacteur en chef de KnowYourMeme, a expliqué à « 20 Minutes » le phénomène.

Certains meurent après seulement quelques jours d’existence, d’autres traversent les années, font le buzz et deviennent des références. En quelques années, le mème est devenu l’un des moyens privilégiés des internautes pour réagir sur la toile. Pour ceux qui ne sauraient pas de quoi l’on parle : un mème est dans la majorité des cas une image, photo ou GIF repris et décliné en masse et avec humour sur Internet. Par exemple, « distracted boyfirend » est devenu le mème de l'été 2017.

Comme le rapporte le site KnowYourMeme qui revient sur l’origine et l’histoire de tous les mèmes d’Internet, la photo est issue de iStock et a été détournée pour la première fois sur un groupe Facebook Turc, avant d’être massivement reprise. Car tous les mèmes naissent quelque part et bien souvent sur des sites communautaires avant de se propager. Alors pourquoi certains marchent et d’autres non ?

Même type d’humour

Comme le rappelle à 20 Minutes, Brad Kim, rédacteur en chef de KnowYourMeme, « l’aspect comique d’un mème est le facteur le plus important de sa viralité ». Or au sein d’un forum, ou d’un groupe de discussion, les internautes qui s’y trouvent partagent souvent des points communs comme un avis politique, un centre d’intérêt ou encore les mêmes références liées à leur âge, leur milieu, ou leur profession. Il y a donc des chances pour qu’ils partagent également le même type d’humour.

A chacun son mème

« Les mèmes sur ces réseaux survivent et prospèrent lorsqu’ils sont partagés au sein d’une communauté homogène, avec un auditoire ayant la même vision des choses, où ils auront une caisse de résonance », détaille Brad Kim. En étudiant les mèmes partagés sur 4chan, Reddit, Twitter, et Gab, des chercheurs ont récemment observé que chacun de ces sites communautaires avait ses mèmes fétiches. Ainsi sur le board/pol/de 4chan, un topic de discussion « politiquement incorrect », qui rassemble un grand nombre d’internautes d’extrême droite, plus de 10 % des mèmes sont liés à Pepe The Frog, symbole de l’ultradroite.

Vient ensuite le délicat passage où un mème né sur un groupe de discussion, dans un contexte particulier (en réaction à une actualité par exemple), va s’étendre plus largement et être repris par un grand nombre d’internautes sans aucun point commun. Et là, magie d’internet oblige, difficile d’établir une théorie exacte pour expliquer le succès. En effet, l’image est souvent reprise avec un sens, un humour ou un contexte différent de ceux du mème d’origine.

« Heureux accidents »

Il n’existe pas une seule voie vers le succès. Des mèmes sont célèbres grâce au seul comique de l’image, comme le « Salt Bae » qui fait référence à l’incroyable façon qu’à un boucher turc de saler sa viande. Certains offrent tant de détournements possibles, qu’ils sont régulièrement utilisés pour réagir à des faits n’ayant rien à voir entre eux, comme le « roll safe » ou l’« expanding brain ». D’autres au contraire s’utilisent seulement dans des cas assez restreints, ce qui leur a donné un statut de réactions ciblées de références. C’est par exemple le cas de « Meryl Streep Singing », simplement utilisé pour illustrer un échange imaginaire entre l’actrice et un(e) chanteur (se) connu(e), ou encore « Mocking SpongeBob » posté pour pointer du doigt le ton moqueur de quelqu’un. Enfin, il y a des mèmes voués à n’avoir qu’un succès éphémère car directement relié à une actualité.

Selon Brad Kim, si les mèmes sont de plus en plus produits dans le but de devenir viraux, « les plus populaires avec la plus grande longévité sont souvent d’heureux accidents ».