Pourquoi les femmes sont-elles autant victimes de «body shaming» et de «grossophobie»?
RESEAUX SOCIAUX•Lors de son show à la mi-temps de la finale du Super Bowl aux États-Unis, Lady Gaga a été abondamment critiquée sur son physique...Marie de Fournas
«Grosse ». Voilà l’un des nombreux qualificatifs dont a été victime Lady Gaga sur les réseaux sociaux. La chanteuse avait offert une impressionnante prestation à la mi-temps de la finale du Super Bowl dimanche 5 février. Un phénomène récurrent lorsqu’une star expose son image. « L’année précédente c’était Beyoncé qui, à la même occasion, avait été victime de sexisme et de racisme, rappelle Wissale Achargui, cofondatrice du collectif Féministes contre le cyberharcèlement, interrogée par 20Minutes. On attend des femmes qui se surexposent qu’elles soient parfaites d’un point de vue social. Celles qui ne se soumettent pas à ce qu’on attend d’elles, le payent par ce qu’on pourrait décrire comme des expéditions punitives sur les réseaux sociaux ou les médias ».
« Ce n’est pas grave pour les gens »
Les propos et attaques sont souvent d’une rare violence, presque inexplicables : il ne s’agit que d’un physique, même pas d’une polémique. « Le fait de se moquer de quelqu’un sur son physique n’est pas grave pour les gens », explique à 20Minutes Jean-François Amadieu auteur de Société du paraître. Les beaux, les jeunes et les autres. Le sociologue met en lumière le fait que le droit pénal ne sanctionne pas aussi durement, à tort ou à raison, les moqueries physiques, que les moqueries racistes par exemple. « Cela crée un sentiment d’impunité dans l’esprit des gens », poursuit-il.
aUn tel bashing Internet peut avoir des conséquences désastreuses chez les victimes. « Les femmes sont fragilisées, anxieuses et angoissées face à ce harcèlement qui les suit sur le long terme, raconte Wissale Achargui. C’est différent d’un harcèlement scolaire, qui peut par exemple cesser en changeant d’établissement. Là, cela reste sur Internet et cela peut ressortir à tout moment ».
Moins d’indugence pour les femmes que pour les hommes
Pour les deux spécialistes, le problème vient entre autres de cette image, ancrée dans les esprits, que doit renvoyer physiquement la femme. « Les femmes sont beaucoup plus sujettes à des critiques, assure le sociologue. Le fait d’avoir des bourrelets sera plus toléré, voire apprécié, chez un homme que chez une femme ». « Il y a une conformisation à des canons de beauté : des femmes blanches, fines, grandes et valides », argue la cofondatrice du collectif Féministes contre le cyberharcèlement. « Ce sont des choses tellement intégrées que certaines femmes participent au "body bashing" contre d’autres femmes, mais font la même chose envers elle-même face à un miroir », poursuit-elle.
Heureusement, certaines stars ripostent face à ces attaques, se posant ainsi en figure de proue. Lady Gaga par exemple a immédiatement répondu sur les réseaux aux critiques sur son physique, pour elle, mais aussi pour toutes les autres femmes. « Je suis fier de mon corps et vous devriez être fiers du vôtre aussi », écrit-elle sous une photo Instagram avant de poursuivre : « Soyez vous, et soyez sans relâche vous ».
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I heard my body is a topic of conversation so I wanted to say, I’m proud of my body and you should be proud of yours too. No matter who you are or what you do. I could give you a million reasons why you don’t need to cater to anyone or anything to succeed. Be you, and be relentlessly you. That’s the stuff of champions. thank you so much everyone for supporting me. I love you guys. Xoxo, gaga
Une photo publiée par xoxo, Joanne (@ladygaga) le 7 Févr. 2017 à 20h38 PST